parution 24 avril 2013  éditeur Casterman  Public ado / adulte  Mots clés Policier

Canicule

Alors que l’été pianote sa Canicule, un gangster en cavale se réfugie dans une ferme habitée par une jolie brochette de tarés. Personnages hors normes et atmosphère étouffante au rendez-vous de cette belle adaptation de Vautrin par Baru.


Canicule, bd chez Casterman de Baru, Vautrin
  • Notre note Yellow Star Yellow Star Yellow Star Grey Star

    CHEF D'ŒUVRE   Green Star Green Star Green Star Green Star

    TRÈS BON   Green Star Green Star Green Star Dark Star

    BON   Green Star Green Star Dark Star Dark Star

    BOF. MOYEN   Green Star Dark Star Dark Star Dark Star

    BIDE   Dark Star Dark Star Dark Star Dark Star

  • Scénario Yellow Star Yellow Star Grey Star Grey Star

    CHEF D'ŒUVRE   Green Star Green Star Green Star Green Star

    TRÈS BON   Green Star Green Star Green Star Dark Star

    BON   Green Star Green Star Dark Star Dark Star

    BOF. MOYEN   Green Star Dark Star Dark Star Dark Star

    BIDE   Dark Star Dark Star Dark Star Dark Star

  • dessin Yellow Star Yellow Star Yellow Star Grey Star

    CHEF D'ŒUVRE   Green Star Green Star Green Star Green Star

    TRÈS BON   Green Star Green Star Green Star Dark Star

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    BOF. MOYEN   Green Star Dark Star Dark Star Dark Star

    BIDE   Dark Star Dark Star Dark Star Dark Star

©Casterman édition 2013

L'histoire :

Bon sang qu’il fait chaud ! Jimmy Cobb, vieux gangster planté en plein milieu d’un champ de blé sec et irradié de lumière, en tombe la veste de costar, vaincu. Puis, il se saisit d’une lourde valise pour l’enterrer rapidement. Un pylône de ligne haute-tension pour repaire, quelques pas comptés avec soin : le voyou établit dans sa tête le plan du trésor qu’il vient de déposer. Cependant, aussi expérimenté qu’il puisse paraître, le bonhomme ne s’est pas aperçu qu’il venait de planquer le fruit de son hold-up sous les yeux de Chim, un gamin habitant la ferme la plus proche. Aussi tandis que Jimmy gagne justement ladite ferme, le garçon se fait-il un devoir de déterrer le magot. Il semble ainsi que Cobb ne soit pas dans un jour de grande veine. L’hypothèse est d’ailleurs immédiatement vérifiable quand on sait qu’il se dirige dans un drôle d’endroit. Certes, la ferme n’a rien de plus que les autres fermes de La Beauce. Enfin, si l’on parle du bâtiment, car pour le reste… ses habitants sont de drôles de citoyens. Il suffit d’entendre Ségolène s’adresser aux ouvriers – tandis que notre gangster gagne « l’abri » de la porcherie – pour commencer à en esquisser le tableau : elle les invite dans les meilleurs délais, en soulevant sa robe, à un exercice physique d’un genre particulier. Pour compléter l’esquisse, il faudra faire connaissance avec Horace, le chef de famille, qui attend la fin du repas pour aller donner du ceinturon à son gamin. Avant d’aller reluquer en douce, dans leur caravane, deux campeuses un peu dénudées… Il y a aussi Jessica, sa femme qui rêve de lui planter un couteau dans le dos, Horace son frère alcoolique… Et puis Chim, son fils, désormais à la tête d’une somme colossale !

Ce qu'on en pense sur la planète BD :

Pour inaugurer une série d’adaptations des meilleurs romans de Jean Vautrin en bande dessinée, Baru plonge sa patte dans la fournaise caniculaire d’un sale été. Au centre du récit se dépatouille un gangster au nom claquant : Jimmy Cobb. Œillet rouge au revers du costar, valise de gros billets à planquer et flicaille à éviter, le bonhomme optera illico pour de mauvais choix : enterrer son magot sous les yeux d’un curieux gamin et gagner le refuge d’une ferme de la Beauce. En moins de temps qu’il ne faut pour éponger un front dégoulinant, la cocotte-minute dans laquelle s’est fourré notre bonhomme fait retentir ses premiers sifflements. Il faut dire que Cobb est un veinard : la brochette de tarés qu’il va rencontrer ne va pas tarder à lui faire regretter de ne pas s’être directement rendu à la maison Poulaga. Ici, le débile rivalise de génie avec le salopard libidineux, les alcolos rongés par la chaude-pisse jouent dans la même cours que les nympho totalement accros, les gamins sont borderline (mais rusés), les voyous revanchards, les vieilles au bout du rouleau, les mères de familles haineuses et les gendarmes couillons. La ferme choisie semble ainsi accueillir une palette de névrosés qui, soumis à Canicule et gangster aux abois, conduira notre petite cocotte-minute à l’inévitable explosion. S’appuyant sur ce casting incroyable, Baru offre – tout comme Yves Boisset en son temps sur grand écran (souvenez des Lee Marvin, Victor Lanoux, Miou-Miou, Jean Carmet, Bernadette Lafont et les dialogues d’Audiard…) – une adaptation juste. En tous cas conforme à la ligne originelle du roman, en mettant parfaitement en scène l’atmosphère malsaine, étouffante du huis clos et en ciselant – aussi rapidement qu’efficacement – les psychologies (pathologiques) des protagonistes. Au-delà, il faut reconnaître que le manque d’épaisseur du scénario conduit à une lecture rapide. Mais quelle lecture ! Du polar noir-goudron (et attention par Canicule, le bitume pue et fond…) parfaitement ciselé par le talent de mise en scène de Baru : cadré, à l’aise pour faire, du dessin, un joli substitut à l’accroche originelle du verbe de Vautrin et d’une fluidité millimétrée. Bref, un très joli travail d’adaptation qui ravira les amateurs de polar sans concession.

voir la fiche officielle ISBN 9782203059313