L'histoire :
Entre le XIXème et le XXème siècle, 3 hommes et 3 femmes différentes, certains avec un handicap physique, d’autres au mental un peu bancal, ou encore d’un milieu social pauvre, deviennent des artistes à leur insu. Tous dans différents domaines, mais avec un point commun : un jour ils entendent une voix et sont poussés par leur esprit. Malgré une absence de culture et de dons artistiques, de prime abord, quels qu’ils soient, ils vont devenir des virtuoses. Chacun ira de son art : sculpture, peinture, tissus, œuvres aussi atypiques qu’incroyables... dont certaines sont exposées et sont encore célèbres. Augustin Lesage, Madge Gill, le Facteur Cheval, Aloïse, Marjan Gruzewski et Judith Scott auront tous une inspiration soudaine guidée par une voix intérieure qui transformera leur vie à jamais. Mais à cette époque, il n’est pas simple de faire valoir et croire à un don quand on est différent, voire un peu « fou ». Heureusement, chacun aura la chance de croiser un jour le chemin de quelqu’un qui croira en eux, les conduira vers la gloire méritée et les exposera au grand jour...
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Il fut un temps ou être différent n’était pas simple, voire dangereux. Aucune tolérance et aucune place à la non-conformité n'était possible dans notre société. Par honte, on excluait ou on enfermait, et les victimes devenaient des « oubliés » (relisez l'excellente BD Les oubliés de Prémontré !). Dans Enferme moi si tu peux, au titre évocateur, les personnages sont tous un jour pointés du doigts comme fous. Certains passeront d’ailleurs une partie de leur vie internés. Anne-Caroline Pandolfo et Terkel Risbjerg n’en sont pas à leur première collaboration (Serena, Perceval). Le graphisme est sombre, mais les dessins sont réalisés avec une grande justesse. Les émotions se lisent sur les faciès. A la fin de l’album, le lecteur peut découvrir le vrai visage des différents protagonistes, car tous ces gens dont nous suivons l'étonnante destinée ont vraiment existé. Et ils sont tous nés entre 1836 et 1943. Via un voyage initiatique au pays de « l’Art brut », on apprend que ce terme instruit par le peintre Jean Dubuffet désigne les productions de personnes à l'origine exemptes de culture artistique. Dubuffet a d’ailleurs regroupé certaines de ces œuvres au sein d’un musée à Lausanne, sous le nom de la « Collection de l'art brut ». Une lecture fascinante, artistiquement instructive et pleine d’espoir !
