L'histoire :
De retour d’Afrique, Eugène Rabier s’est installé dans une cabane près du petit village de St Aubin. Le cœur et la tête emplis de souvenirs, il a du mal à se réincorporer dans la vie sociale occidentale. Il tente du troc chez l’épicier du coin, donne des leçons de culture africaine au pharmacien et se fait railler par les jeunes. De plus, il est en conflit avec la municipalité, qui souhaite racheter son lopin de terre pour y implanter une raffinerie. Mais Eugène tient bon. Aujourd’hui, sa seule fierté est un palmier qu’il est en train de faire pousser à côté de sa cabane, sous nos latitudes tempérées. Comment le maire peut-il croire qu’il va l’abandonner devant la sauvagerie du monde moderne ? Mais, dans le village, tout le monde est d’accord pour accueillir cette usine, sauf Eugène. Son impopularité va grandissante. Une nuit, il est réveillé par un commando armé de 4 hommes. Sous la menace de fusils d’assaut, ils lui réclament un bête bouquin sur la culture du palmier, écrit autrefois par Eugène du fin fond de son Afrique noire…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Plus connu pour son travail de romancier, Tonino Benacquista s’est rendu célèbre en décrochant le César du meilleur scénario pour le film Sur mes lèvres. Même s’il n’a jamais scénarisé que 2 BD, l’une d’entre elle, l’Outremangeur, était déjà culte avant d’être adaptée cette année au cinéma. Il se livre dans ce one-shot à un récit profondément humain, mêlant intelligemment philosophie de la vie et humour. Eugène Rabier, dont le nom a l’air tout droit sorti d’un Vaudeville façon Labiche, a trouvé un sens à sa vie en cultivant des palmiers. Il se trouve inévitablement en décalage avec le monde occidental, quand bien même rural, dans lequel il se vit. L’aventure d’Eugène est traitée de façon légère et quelque peu irrationnelle. Tout cela n’est peut-être qu’un rêve. Le récit glisse régulièrement vers des séquences plus caricaturales, dans lesquels les personnages se font plus espiègles. Les séquences de souvenirs sont particulièrement jubilatoires, d’autant plus qu’Olivier Berlion au dessin (Le cadet des Soupetard, Histoire d’en ville, Sales mioches…), fait montre d’une étonnante faculté à moduler son style, sans heurt. Toujours superbes, son coup de crayon et sa colorisation démontrent une fois de plus son fabuleux talent.