L'histoire :
El perceptor est un personnage redouté dans cette région d’Amérique latine. Ténébreux et impénétrable, il part le matin faire la tournée des créanciers de l’EZLN, le front de libération zappatiste. Soit on le paye, soit il brutalise ou assassine sans aucun scrupule. Une fois sa tournée terminée, il fait son rapport à son père qui enregistre les résultats et s’occupe des relations avec l’armée révolutionnaire. Puis il passe à table… El perceptor, Mateo de son vrai nom, est sourd et muet depuis que son père lui a arraché les oreilles quand il était enfant. Il voulait devenir catcheur alors que, dans sa famille, on est recouvreur de dettes de père en fils. Mais le soir venu, Mateo change de masque et fait le mur, pour devenir devant un public déchaîné, le célèbre « Tiger », un catcheur à la mode qui aligne les victoires. Les aficionados le comparent même au « Puma », qui faisait régner la terreur sur les rings, 20 ans auparavant. Agile et sans pitié, El Perceptor/Tiger est une machine à combattre largement rentabilisée…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Sourd et muet, dépourvu d’oreilles, puceau et introverti au dernier degré, irresponsable et robotisé, El Perceptor est un personnage pour le moins singulier. A travers ce cas social, Flab exprime un profond désespoir. Quel est le sens de la vie d’El Perceptor ? Il rencontre l’amour grâce à une jeune femme fantomatique qui lui vole dans les bras (au sens propre !) sans raison… Est-ce un fantasme symptomatique ? Une chose est certaine, Flab, jeune auteur imaginatif et complet (scénario, dessin et couleur) est pourvu d’un sens particulier de l’humour, sarcastique et percutant. Si son dessin paraît facile de prime abord, le choix de la mise en scène et les perspectives sont intéressants. Les couleurs, appliquées par aplats contrastés, accentuent l’ambiance kitch. Dommage que Flab ne développe pas plus son personnage (El Perceptor est un one-shot). Dès la dernière page tournée, un sentiment d’inachevé plane. Dommage également qu’il y ait tant de fautes d’orthographe… (5 à la planche 32 !)