parution 06 mars 2019  éditeur Delcourt  collection Contrebande
 Public ado / adulte  Mots clés Graphic Novel / Thriller

Mes héros ont toujours été des junkies

Voici un roman graphique qui s'inscrit comme un hors-série dans l'univers de Criminal. Le tandem d'auteurs s'avère à nouveau magique, délivrant quelques clés du passé d'un personnage phare et surtout une histoire d'amour triste à mourir !


Mes héros ont toujours été des junkies, comics chez Delcourt de Brubaker, Phillips, Phillips
  • Notre note Blue Star Blue Star Blue Star Grey Star

    CHEF D'ŒUVRE   Green Star Green Star Green Star Green Star

    TRÈS BON   Green Star Green Star Green Star Dark Star

    BON   Green Star Green Star Dark Star Dark Star

    BOF. MOYEN   Green Star Dark Star Dark Star Dark Star

    BIDE   Dark Star Dark Star Dark Star Dark Star

  • Scénario Blue Star Blue Star Blue Star Grey Star

    CHEF D'ŒUVRE   Green Star Green Star Green Star Green Star

    TRÈS BON   Green Star Green Star Green Star Dark Star

    BON   Green Star Green Star Dark Star Dark Star

    BOF. MOYEN   Green Star Dark Star Dark Star Dark Star

    BIDE   Dark Star Dark Star Dark Star Dark Star

  • dessin Blue Star Blue Star Blue Star Grey Star

    CHEF D'ŒUVRE   Green Star Green Star Green Star Green Star

    TRÈS BON   Green Star Green Star Green Star Dark Star

    BON   Green Star Green Star Dark Star Dark Star

    BOF. MOYEN   Green Star Dark Star Dark Star Dark Star

    BIDE   Dark Star Dark Star Dark Star Dark Star

©Delcourt édition 2019

L'histoire :

Quelque part au bord de l'océan, une jeune fille scrute l'horizon infini. Perdue dans ses pensées, elle est abordée par une dame qui se ballade avec son chien. Au bout de deux phrases de banalités, la jeune femme avoue à son aînée qu'à chaque fois qu'elle vient ici, elle pense aux paroles d'une chanson de Vic Chesnutt, « Stevie Smith ». C'est l'histoire d'un type qui est en train de se noyer et il dit : « Je suis déjà plus loin que je ne le crois. Et je ne nage plus, je me noie » et puis les choristes démarrent et disent que son cœur a lâché. Et ces quelques mots sont si parlants pour elle... La vieille dame, assez perplexe, lui demande alors si quelque chose ne va pas. Comment pourrait-elle savoir qu'Ellie, quelques mois avant, était en réhab' ? C'est un joli mot pour désigner un établissement dans lequel on est enfermé, isolé du reste du monde, pour une cure de désintox. Et qu'elle était là pour quelque chose d'autre aussi, vu qu'elle n'avait absolument pas envie de décrocher. Ellie, c'est la fille d'un couple de braqueurs pros. Ses parents sont morts. Sa mère d'une overdose. Alors elle se fout bien des embrouilles des mecs accros, qui tentent de racheter leur conscience alors qu'ils replongeront à la première occase, foutant à nouveau dans la merde tous ceux qui tiennent à eux...

Ce qu'on en pense sur la planète BD :

Pour bon nombre de fans de comics, en particulier de polar, Criminal est une série culte. De celles qu'on peut lire et relire et surtout conserver soigneusement. Parmi ces fans, il y a aussi ceux qui « suivent » les productions, souvent communes depuis plus de 10 ans, du tandem Brub'/Phillips. Et il est presque certain qu'ils diront unanimement que leur chef d’œuvre, c'est... Criminal ! Alors autant affirmer que cet album ne décevra personne, pour surprenant qu'il puisse être. En effet, cette histoire ne réserve aucun flingage. Pas de braquage ni d'effusion de violence. C'est une romance. Une romance terriblement noire et triste, qui reprend des thèmes avec lesquels on est familiarisé : les drames familiaux, le pouvoir de séduction des femmes qui, finalement, mènent la danse (fut-elle une danse macabre), la manipulation aussi. En faisant d'Ellie le personnage principal et en ne levant le voile sur ses motivations qu'à la toute fin de l'épisode, on est emporté, séduit par sa personnalité, jusqu'à ce que tout le mal qu'elle dit d'elle-même trouve sa démonstration implacable. Il serait criminel de vous en dire plus et de dévoiler le contenu qui relie ce «spin-off» à sa série mère mais ce qu'on peut dire, c'est que ce one-shot traîne un spleen monstre qu'une scène d'amour, à la Bonnie and Clyde, vient illuminer d'un bonheur fugace. On peut également souligner l'habilité du scénariste, qui, une fois de plus, multiplie les références à d'autres artistes, en arrivant à éviter « l'effet catalogue ». La musique y tient une place principale, mais d'autres, comme Sartre ou Van Gogh, ont droit de citer, en tant qu'artistes légendaires, qui ont également eu des addictions. Quant aux dessins, ils offrent un visuel que la colorisation rend très différents. Les couleurs douces de Jacob, le fils de Sean, sont presque apposées par touches, laissant des trouées de blanc (comme un junkie laisserait des trous dans ses bras ? ). Elles confèrent un aspect ouaté, un peu psyché aussi, qui colle parfaitement aux états seconds dans lesquels se mettent les junkies. Si bien que le traitement graphique se démarque nettement de la charte de la série-mère, tout en réussissant à véhiculer toutes les émotions : du bonheur à la tristesse, de l'exaltation à l'amertume, en passant par les regards flous des gens qui planent. Voilà : cet album, c'est une douce came quand on la consomme, avec une descente à la tristesse brutale quand vient la fin. Un véritable roman graphique qui rend définitivement accro si on y goûte...

ISBN 9782413017554