interview Comics

Charlie Adlard

©Delcourt édition 2007

Les amateurs d’histoires de zombies se régalent depuis quelques mois, avec le Walking dead publié par Delcourt dans sa collection dédiée aux comics, Contrebande. A l’occasion du passage en France du dessinateur anglais Charlie Adlard (Festival Delcourt, septembre 2007), les bédiens en ont profité pour l’interviewer. Un faux air de Mel Gibson... une casquette vissée sur le crâne... une bonne humeur contagieuse... Force est de constater que l’artiste est infiniment plus sympa qu’un zombie !

Réalisée en lien avec l'album Walking Dead T3
Lieu de l'interview : Festival Delcourt

interview menée
par
6 décembre 2007

Bonjour Charlie Adlard ! Nous vous connaissons en France pour votre série Walking Dead. Pour faire connaissance, pouvez vous nous présenter votre vie, votre parcours jusqu’à aujourd‘hui ?
Charlie Adlard : Je travaille dans les comics depuis une quinzaine d’années, majoritairement américains. Depuis 2000, j’ai travaillé sur beaucoup de projets, notamment pour Marvel UK, j’ai travaillé aux Etats Unis sur le comics X-files durant 2 ans. Ensuite, pas mal de super héros et pour les labels DC. J’ai bossé pour Wildstorm avec The establishment que peu de personnes ont lu (rires). Puis est venu Walking Dead !

Vous travaillez depuis 2004 sur la série Walking Dead, est-elle terminée aux USA ?
CA : Non, non, on vient de publier le chapitre 44 (NDLR : 1 tome en France réunit 6 chapitres). Pour l’instant, il n’y a pas de fin prévue !

Tiendrez vous la barre jusqu’à la fin ?
CA : Pourquoi pas !

Travaillez-vous sur une autre série en parallèle ?
CA : En fait, Walking Dead m’occupe durant 1 à 2 semaines par mois pour faire un chapitre, donc le restant est libre. Je viens juste de finir un chapitre pour un collectif qui s’appelle Savage dans le livre 3. J’ai réalisé un roman graphique appelé Rock Bottom avec Joe Casey (X-Men les Vengeurs). Je travaille aussi sur ma première « french bande dessinée » pour Soleil et qui s’appelle « Le souffle du Wendigo ».

Maintenant que vous commencez à être connu en France, essayez vous de vous servir de cette notoriété pour d’autres séries ?
CA : Je pense que mon style est très inspiré des bandes dessinées européennes et je n’ai jamais trouvé très passionnant tous les super héros qu’aiment les américains. Mais si tu veux être connu là bas et bien gagner ta vie, tu fais des super héros ! C’est pour ça que le succès de Walking Dead est unique, ça cartonne aux USA et pas seulement ! J’espère grâce à ça que mes prochains projets, notamment en France, marcheront autant.

Etes-vous fan de zombie ?
CA : Je ne déteste pas les zombies, disons que je ne suis pas un grand fan, j’aime les films de George Romero, ou Shaun of the dead. J’aime travailler sur Walking Dead parce que l’histoire est excellente avec de bons personnages. Ce n’est pas un comics d’horreur mais un comics centré sur le quotidien de ces personnages. Et puis je ne suis pas sûr que voir des zombies dévorer des gens tous le temps serait très passionnant, moi je trouverais cela ennuyeux.

C’est exactement ce que dit Robert Kirkman !
CA : C’est pourquoi on bosse ensemble !

Que pensez-vous de 28 jours plus tard ou 28 semaines plus tard (2 films anglais) ?
CA : J’ai vu le premier de Danny Boyle et ai apprécié, je n’ai pas encore vu le second.

Vous avez pris le relais de Tony Moore sur la série Walking Dead, est-ce un choix éditorial, personnel, de Robert Kirkman ?
CA : J’ai rencontré Robert avant que débute Walking Dead. Quand Tony est parti, il m’a appelé pour me demander si j’étais intéressé. La bonne chose est que la série marchait déjà bien et qu’il a su me convaincre financièrement (rires). En plus, Tony Moore avait pris tous les risques et Robert voulait que la série prenne de l’ampleur donc il a su me persuader !

Connaissez-vous l’un de vos compatriotes, Sean Phillips (que nous avons récemment interviewé) et que pensez-vous de son récent Eisner Award pour meilleure série Criminal ?
CA : C’est un de mes amis et on peut dire qu’il a une tête de zombie (rires). Je ne suis pas trop les récompenses mais c’est très bien pour lui et Ed Brubaker.

Votre trait de dessins nous fait beaucoup penser à Sean Phillips, un britannique comme vous, qui, comme vous, ne réalise pas de dessins préparatoires…
CA : En effet, je dessine directement pour Walking Dead, je ne fais pas de croquis, ou de sketch-books. Je dessine ce que j’ai en tête, pour moi c’est plus naturel et je pense que c’est mieux ainsi. Quand je lis le scénario, je me l’imagine et le dessine directement. Pour Le souffle du Wendigo, c’est différent car la bande dessiné demande une implication plus grande. Cela est plus compliqué et donc je prépare des scripts et fais de nombreux brouillons.

Quel est le rôle de Cliff Rathburn dans la série ?
CA : En fait, je fais juste le noir et le blanc et Cliff place ses trames et grise le tout. Je le laisse faire ce qu’il veut, sans lui donner d’indications, car il fait du bon boulot. J’essaie juste de lui transmettre ce que Robert me demande, car celui-ci ne voit pas les planches avant la fin.

Comment Robert Kirkman vous donne le scénario ?
CA : Il m’envoie un script extrêmement complet, avec plein de détails. Vous savez les scénaristes se divisent en 2 catégories, les récits super simples et ceux d’artistes. Robert est un artiste. Mon travail avec lui est très constructif car il sait exactement ce qu’il veut, jusqu’à l’emplacement pour les dialogues.

Ecrivez-vous des scénarii ?
CA : Non, je suis juste un dessinateur ! C’est pas mon truc (rires). Je n’ai jamais eu l’inspiration d’écrire mes propres histoires. Il y a très longtemps quand je bossais sur le comics adapté du film Mars Attacks, j’ai eu une idée, mais la série n’a pas duré suffisamment longtemps pour que je puisse l’appliquer.

Seriez-vous tenté de travaillé avec des scénaristes britanniques, comme Garth Ennis, Warren Ellis ou Alan Moore ?
CA : J’aimerais bien bosser avec tous ceux là ! Warren Ellis travaille beaucoup pour Wildstorm aux Etats-Unis et cela me semble difficile. J’ai déjà travaillé avec d’autres scénaristes anglais, comme Robbie Morrison sur La mort blanche. Je connais Garth Ennis et on a essayé de bosser ensemble sur The Punisher mais le rendu était trop ennuyeux. J’aimerais beaucoup travailler de nouveau avec lui.

Si vous êtes tout seul sur une île déserte, et que vous pouvez emmener : 3 BD, 3 disques, 3 films, 3 livres, 3 objets du quotidien ?
CA : En comics : From Hell, Knight’s tale et un Astérix : Obélix et compagnie. En film, The Thing, Magnolia et Blade Runner ou Alien ou… c’est trop dur ! Short Cuts ! aaaaaargh ! Pour les livres, je ne sais pas, je ne lis pas souvent, est-ce que je peux les échanger contre des comics ? J’en veux plus ! Sinon j’ai bien aimé Rat Pack Confidential sur Sinatra et les adaptations au cinéma de films comme Ocean’s eleven, Raging Bull, Easy Rider… En disques, 1 Led Zeppelin, 1 Jimmy Wett et 1 Bachara. Ma sonnerie de portable est d’ailleurs le morceau How to de Led Zep ! Pour les objets du quotidien, mon carnet de dessins, un lecteur CD/DVD et de l’électricité.

Comment est-ce que tu travailles, dans quelle ambiance dessines-tu ?
CA : J’écoute la radio sur mon ordinateur, les musiques y sont meilleures ! Et sinon je travaille quand mes enfants sont à l’école.

Quelles sont tes influences ?
CA : Tout mon travail est sous influences. Les premières lectures étaient Astérix, les super héros des années 70, les premiers Batman. Je n’ai jamais cessé de lire depuis !

Si tu étais un bédien, quelles seraient les séries que tu conseillerais aux terriens ?
CA : A part les miens (rires) ? Récemment, les derniers travaux d’Ed Brubaker pour Marvel, Daredevil et Captain America. Ses dialogues sont excellents. Tout ce que fait Sean Phillips, mon ami Duncan, Jason Pearson, Nicolas de Crécy, Hugo Pratt…

Si tu avais le pouvoir cosmique de te téléporter dans le crâne d’un autre auteur de BD, qui irais-tu visiter ?
CA : Dans la tête de Duncan, c’est le meilleur, j’aimerais dessiner comme lui !

Quelle(s) question(s) aurais-tu aimé qu’on te pose ?
CA : Aucune idée… quand est-ce que je rentre chez moi ?

Merci Charliiiie !