interview Bande dessinée

Daryl et Popcube

©Ankama édition 2010

Avec d'un côté un scénario complètement barré, au sein duquel l'on suivrait un groupe de survivants prisonniers d'un stade de foot, et de l'autre des dessins épurés et atypiques, il était évident que Constellations allait interloquer les lecteurs à sa sortie. Au delà de la forme atypique, cette série captive néanmoins par ses nombreux mystères. Nous avons essayé d'en résoudre quelques uns en interviewant le duo d'auteurs. Peine perdue ?

Réalisée en lien avec l'album Constellations T2
Lieu de l'interview : Festival d'Angoulême 2010

interview menée
par
31 mai 2010

© five holesPour débuter, question classique de l’exercice… Comment en êtes vous arrivé à faire de la bande dessinée ?
Popcube : Par mimétisme imbécile.
Daryl : Par hasard.

Quelles sont vos influences ?
P : C'est vaste...
D : Trop vaste…

En lisant le premier tome, la série m’a clairement fait penser à la série télé Lost, un récit au croisement de l’anticipation et du suspense…
P : Des influences communes sans doute...
D : Dans un stade de foot.

Constellations est votre première BD, comment la présenteriez-vous à un nouveau lecteur ?
P : C'est Lost dans un stade de foot.
D : Pas mieux ^^

Constellations est original sur de nombreux points, l’univers est très original, comment a-t-il été conçu ? Quelles ont été les inspirations ?
D : Constellations est avant tout un contexte, un environnement. L’histoire est très accessoire. On a beaucoup dit que Constellations n’avait pas de scénario. C’est un très grand compliment, à l’aube du 21e siècle. Constellations est un monde dans lesquels se débattent des personnages aux frontières floues, tout comme nous, comme chaque lecteur. C’est un monde en mouvement, qui se transforme. Qui part d’un postulat de base et qui, sous l’action de ses acteurs, est recyclé, réinvesti d’un sens nouveau. Notre démarche de création est la même : nous avons des briques, de la poésie, des objets et nous enregistrons simplement la réaction des agents intelligents qui les utilisent. Parfois, un conflit émerge. Nous travaillons avec la synchronicité, comme par exemple ce qui s’est passé avec la couverture du Heroes de Bowie, vénéré comme un totem au début de l’album. A la fin du livre, Efrim et Minia en miment les gestes. Nous n’avions pas vu le lien : cette danse est née naturellement de l’évolution du livre. Ce n’est qu’après coup qu’on a compris ce que ces personnages faisaient.

Question fin du monde : Si vous n’aviez qu’un dernier souhait…
P : Rewind.
D : Avoir trois souhaits.

S’il vous fallait un objet pour survivre…
P : Un manuel: « Comment survivre à la fin du monde ».
D : Un stylo.

Quel secret emmèneriez-vous (sans jamais le divulguer) (sauf ici bien sûr) ?
P : Comment empêcher l'apocalypse.
D : La recette de la tarte aux pommes.

Une dernière volonté ?
D : Je veux continuer à aimer.

Le dernier souvenir…
P : Un rire.
D : Un baiser.

Quelle est la chose qui ne vous manquerait pas du tout ?
D : Le marketing.

Quelle est la chose qui vous manquerait ?
D : Les oiseaux.

Comment se déroule votre collaboration ?
P : Bien.
D : Ouais.

Si vous pouviez adapter votre Constellations sur le grand écran, qui verriez-vous à la réalisation ?
P : On s'en sortirait pas mal nous même...
D : Harmony Korine.

Popcube, tes dessins sont très étonnants, est-ce ton style définitif, habituel, ou as-tu développé ton approche en rapport avec Daryl ?
P : J'espère ne pas avoir de style définitif, ce serait ennuyeux...

On pourrait décrire ton style comme un medley entre les mangas et la BD nouvelle vague…
P : C'est à la fois vague et quelque peu restrictif.
D : C’est typiquement français que de vouloir isoler un style par rapport à un autre. Tout le monde a très peur des choses nouvelles, ou simplement décalées. Il existe un tas d’auteurs très peu connus, très doués, au style très personnel qui n’a rien à voir avec ce qu’un éditeur admet comme étant lisible et bankable. On n’admet que ce qui peut se définir, sans laisser la place au doute.

© eaux uséesDaryl, tu as proposé, à la fin du premier tome, un portfolio où l’on voit de nombreux décors, des tags, etc. Pourquoi ? Quel était le but ?
D : Donner du contexte, du relief au stade. Donner l’occasion à des amis de participer à la création d’un environnement, et d’injecter ces points de vue dans la narration.

Sur combien de tomes s’étalent les mystères de Constellations ?
D : Pour l’instant, le premier cycle de Constellations compte 3 tomes. On n’exclut rien. C’est tellement difficile de maintenir à flot une série aussi intime sans sacrifier à la narration traditionnelle.

Au sein du 9e art, de quel titre rapprocheriez-vous Constellations ?
P : Amerbéton, River's Edge, Black Hole...
D : Dead Enders, Beanworld, Chlorophylle…

Quels sont vos futurs projets ?
P : Continuer Constellations, puis une nouvelle série avec Daryl.

S’il y a bien un genre de BD dans lequel vous ne voulez absolument pas vous lancer, ce serait lequel et pourquoi ?
P : Il n'y en a pas, j'ai bien l'intention de tout essayer.
D : Les genres sont des illusions commerciales développées par des gens peu recommandables pour justifier une ségrégation de la pensée.

Si vous aviez une gomme magique pour corriger un détail ou une partie d’un de vos titres, souhaiteriez-vous l’utiliser ?
P : Non.

Si vous aviez le pouvoir cosmique de vous téléporter dans le crâne d’un autre auteur de BD, qui iriez-vous visiter ?
P : Kirby.
D : Kirby.

Quelle est la question que l’on ne vous a jamais posé et à laquelle vous mourriez d’envie de répondre (hormis celle-ci bien sûr) ?
P : ...
D : On m’a tellement posé de questions, personne comprend jamais mes réponses, alors personne pose plus de questions.

Merci...

© turtle boy