interview Comics

Jason Shiga

©Cambourakis édition 2017

Considéré par ses fans et par Chris Ware comme l'un des nouveaux génies du comics ou de la bande dessinée en général, Jason Shiga est un artiste qui se met régulièrement en danger. Alors que son approche ultra-structurée et mathématique de la narration a su fasciner plus d'un lecteur, il se plaît à tester les limites de celle-ci dans des registres très différents. Demon explore le registre du thriller halluciné avec un humour irrésistible. Profitant de son passage au salon d'Angoulême pour l'interviewer, nous sommes revenus ensemble sur ces dernières créations.

Réalisée en lien avec l'album Demon T2
Lieu de l'interview : Festival d'Angoulême

interview menée
par
26 octobre 2017

Jason Shiga


Bonjour Jason Shiga, peux-tu te présenter ?
Jason Shiga : Bonjour ! Cela fait maintenant 20 ans que j'ai commencé dans les comics. J'ai débuté quand j'étais à la faculté en train d'étudier les mathématiques. Il y avait une option "comics" alors je l'ai tenté et j'ai débuté comme ça. J'ai commencé professionnellement il y a 7 ans avec Vanille ou Chocolat ?. Je travaillais surtout en indépendant et je publiais mes titres moi-même ou chez de petits éditeurs. À présent, j'arrive à vivre de ma passion et c'est génial.

Quelles sont tes influences ?
Jason Shiga : Je pourrai dire plein de choses.... Mes influences viennent de Chris Ware ou Matt Groening. J'adore Kazuo Umezu et son style très particulier. Les livres dont on est le héros aussi.

Tu pousses souvent les lecteurs à réfléchir à ce qu'ils sont en train de lire dans tes albums...
Jason Shiga : Oui c'est ce que j'aime. J'aime les puzzles, les récits dont on est le héros donc pour moi mélanger tout ça avec des logiques mathématiques est amusant à faire. Dans Demon, je veux forcer les gens à s'interroger et à imaginer ce qui se passera à chaque page suivante.

Comment as-tu structuré Demon ?
Jason Shiga : Je triche un peu car je sais tout ce que je veux faire à l'avance. Tout est méticuleusement préparé. Je commence toujours par imaginer la fin de mon histoire. J'imagine ensuite tout ce qui peut avoir précédé cette fin, comment insérer des mécanismes narratifs. J'établis un vrai découpage ensuite et je le crayonne de manière très légère pour que j'y revienne ensuite. Avant de commencer Demon, j'avais déjà plus d'une centaine de pages crayonnées.

Jason Shiga


Pourquoi réutilises-tu le personnage de Jimmy Yee ?
Jason Shiga : En fait, je vais rebondir sur une de tes questions précédentes. Une des influences que je n'ai pas encore cité est Osamu Tezuka. Je l'adore. Il a souvent réutiliser les mêmes personnages ou chara-design dans plusieurs séries. Jimmy Yee est un peu le George Clooney de mes séries. Il pourra revenir par la suite dans d'autres titres. Pour mes éditeurs, cela a été un peu problématique car Jimmy Yee était un personnage évoluant dans un univers jeunesse dans Vanille ou Chocolat ? alors qu'avec Demon, nous n'étions pas du tout sur le même public.

Comment t'es-tu retrouvé à travailler sur All-New X-Men ?
Jason Shiga : C'est amusant car c'est Marvel qui m'a contacté directement. Ils m'ont parlé d'un épisode écrit par Brian Michael Bendis et dans lequel il aurait aimé que je sois présent. Il leur a dit apprécié mon travail et que cela serait bien pour la série. Je crois que j'ai juste dit que je n'y avais pas vraiment pensé mais pourquoi pas. Et je l'ai fait.

Es-tu un habitué du genre super-héros ?
Jason Shiga : Honnêtement, pas énormément. J'appréciais surtout les Spider-Man de Steve Ditko et de John Romita. Il y a des influences dans Demon mais je pense que ça s'arrête là. Si je devais classer Demon, ce serait un shônen de super-héros.

Si tu avais le pouvoir de visiter le crâne d'un autre artiste pour en comprendre le génie, qui irais-tu visiter ?
Jason Shiga : Si je pouvais aller juste trois minutes dans la tête d'un artiste, je dirai Kazuo Umezu. Il a une vision incroyable et tout ce qu'il fait est juste incroyable. C'est quelqu'un de normal et il fait des choses horribles dans ces titres. Il est fou ! Si je pouvais voir le monde à la manière de Kazuo Umezu, ce serait incroyable. Il fait parti de mes références absolues.

Merci Jason !

Jason Shiga