interview Bande dessinée

Joann Urgell

©Dargaud édition 2016

Après les Millenium adaptés par Sylvain Runberg, le polar polaire revient sur le devant de la scène. Encore une fois, c’est Mister Runberg qui s’y colle. Et c’est une nouvelle fois, un dessinateur espagnol qui prend les commandes graphiques. Man et Ohms laissent leur place à Joann Urgell, qui après deux expériences réussies chez Soleil, nous gratifie d’un trait dans la lignée de l’école espagnole. PlaneteBD.com a rencontré cet auteur timide qui se débrouille assez bien dans la langue de Molière...

Réalisée en lien avec l'album Trahie T1
Lieu de l'interview : Festival d'Angoulême

interview menée
par
21 janvier 2016

Bonjour Joan Urgell, peux-­tu te présenter et nous dire comment tu as commencé dans la bande dessinée ?
Joan Urgell :Je m’appelle Joan Urgell, je suis un dessinateur espagnol. La bande dessinée a toujours été pour plus un loisir qu’un travail à part entière. J’ai commencé dans la bande dessinée avec Disney par l’intermédiaire pour Connecta. J’ai déjà dessiné 12 albums. Ils n’ont jamais été publiés Joann Urgellparce qu’ils ne sont assez aboutis. Mais, cela m’a permis de perfectionner ma bande dessinée. Par la suite, j’ai eu un contact avec Soleil qui m’a donné l’opportunité de publier quatre albums : deux avec Nicolas Tachina, La XIe plaie, deux en suivant avec Jean­Charles Gaudin, Dead life. Dargaud est entré en contact avec moi, après qu’ils aient vu mes planches, au Salon de Barcelone. Ils m’ont proposé de travailler avec Sylvain Runberg pour Trahie.

Qu’est­-ce qui t’a donné envie de dessiner Trahie ?
Joan Urgell :J’ai été enchanté par l’intrigue et par l’ambiance de l’histoire. Sylvain m’a envoyé beaucoup de documentation. J’ai aussi lu le roman de Karin Alvtegen pour m’imprégner du récit. Cela a facilité mon travail quand j’ai commencé à découvrir le scénario de Sylvain. j’étais déjà dans l’ambiance.

Comment es-­tu arrivé sur le projet Trahie ?
Joan Urgell :Le scénario était déjà créé et validé par l’éditeur. Dargaud a proposé le projet à plusieurs dessinateurs dont moi. J’étais très intéressé. J’ai rencontré les éditeurs à Bruxelles alors que je venais pour des séances de dédicaces. Ça s’est fait très rapidement. J’étais sûr que ça marcherait.

Ton style est dans la lignée de l’école espagnol ?
Joan Urgell :La plupart des dessinateurs espagnols étudient à la même école. c’est pour ça qu’il y a un style général espagnol. Après, chacun essaye de donner son propre caractère dans son dessin. C’est vrai qu’avec Roger, on est amis. On est en phase sur beaucoup de choses. On travaille ensemble. c’est un peu normal que nos styles se rapprochent même si on essaie chacun de garder nos caractéristiques personnelles.

Joann Urgell Comment as­-tu retranscrit graphiquement le suspense de ce polar ?
Joan Urgell :J’aime beaucoup le personnage principal de Jonas. Il m’a servi de base pour construire mon histoire. Tout autour de lui, j’ai assemblé les autres personnages, ce qui donne un ensemble très noir et très sombre au récit.

Trahie est un diptyque. As-­tu avancé dans le deuxième tome ?
Joan Urgell :Oui, j’ai déjà fait 14 planches. Si j’avance comme prévu, le deuxième tome devrait sortir en 2016.

Dans cet album, il y a un vrai travail sur les couleurs...
Joan Urgell :Les couleurs sont pour moi très importantes. Elles doivent donner le ton de l’histoire au lecteur. Dans Trahie, les coloristes ont fait beaucoup d’essai sur les planches avec des échantillons, jusqu’à ce qu’ils trouvent la bonne couleur. Je suis très content du résultat avec ces tonalités froides et sombres.

As-­tu d’autres projets sur le feu ?
Joan Urgell :Pour l’instant, je suis à fond sur Trahie. Ensuite, j’ai ma série chez Soleil qui devrait s’arrêter avec le prochain album. il y aura sûrement d’autres albums avec Dargaud, mais rien de défini pour l’instant.

Si tu avais le pouvoir de visiter le crâne d'un autre auteur pour en comprendre son génie ou son art, qui irais-­tu visiter ?
Joan Urgell : J'aimerais bien comprendre comment Jean Giraud, Boucq ou Mathieu Lauffray fonctionnent. Par exemple quand je lis un album de Lauffray, je m’arrête de dessiner pendant deux­-trois jours, tellement je suis époustouflé par son dessin ! Il m’influence beaucoup dans mon travail...

Merci Joan et à bientôt !


Joann Urgell