interview Comics

Paul Pope

©Dargaud édition 2008

En 5 minutes chrono, coincés entre une séance de dédicaces et une conférence, nous avons réussi à interviewé Paul Pope à Angoulême. L’auteur de comics américain, également designer pour Diesel (les fringues), est considéré par ses pairs comme l’un des leaders de la BD « indé » nouvelle vague outre atlantique. Un style noir et blanc à part, énergique, sensuel, psychédélique… Il a abordé avec nous ses dernières œuvres publiées en France, Heavy Liquid et 100%, et a expliqué tirer beaucoup de ses influences de ses rêves…

Réalisée en lien avec l'album Heavy liquid
Lieu de l'interview : Angoulême

interview menée
par
23 mars 2008

Bonjour Paul Pope ! Pour faire connaissance, pouvez-vous vous présenter ?
Paul Pope : J’ai commencé ma carrière aux Etats-Unis en 1993 en faisant moi-même mes comics et en les auto-publiant. En 1995, je suis parti au Japon, travailler pour l’éditeur Kodansha, sur le titre Super Trouble. A mon retour, j’ai travaillé sur pas mal d’autres choses dont Batman Year 100, Heavy liquid et 100%.

Je crois savoir que vous appréciez beaucoup la bande dessinée européenne. Quels auteurs vous ont marqués ?
Paul Pope : En parler comme ça, c’est dur… Il y en a beaucoup que j’aime énormément : Hugo Pratt, Hergé, Vittorio Giardino, et plein d’autres…

Lorsque je vous vois et que je repense à Heavy liquid, j’ai l’impression d’avoir le personnage de Stooge en face de moi…
Paul Pope : En fait, mon inspiration pour le personnage n’est pas moi mais Richard Ashcroft, un chanteur de rock’n’roll anglais que j’aime beaucoup.

Vous avez remporté de nombreuses récompenses ces dernières années parmi lesquelles des Eisner Awards. Etes-vous heureux de voir votre travail reconnu par vos pairs ?
Paul Pope : Oui bien sûr, surtout que sur Batman Year 100, j’ai reçu les prix de « meilleur artiste » et de la « meilleure série ». C’est très plaisant d’être reconnu, car je suis encore un jeune artiste et ça ne fait pas très longtemps que je suis dans le métier.

Pour Batman justement, votre approche est très différente de celle mettant habituellement en scène l’homme chauve-souris. Etait-ce une véritable volonté de vous différencier ?
Paul Pope : Oui, évidemment, pour moi aucun titre mettant en scène Batman n’a été vraiment bon depuis celui de Frank Miller. Je ne les ai pas tous lu mais je voulais sortir du carcan habituel et j’avais envie de mettre un aspect Nosfératu à Batman, le tout dans un monde futuriste et pas loin d’être totalitaire. Je suis très content quand on me dit qu’il s’agit du meilleur comics sur Batman depuis Dark Knight. J’ai donc accompli ma mission !

J’ai lu que vous prépariez un nouveau projet avec José Villarubia appelé La chica bionica, pour le compte de Dargaud…
Paul Pope : C’est un livre qui va beaucoup s’inspirer de mes rêves, un peu à l’image de Psychonauts. Vous savez, j’ai des rêves vraiment très bizarres, très sexuels, très violents. J’ai envie d’en faire une sorte de recueil de petites histoires avec ou sans lien directeur, je ne sais pas trop quelle direction cela va prendre.

D’ailleurs, les trips dans Heavy liquid sont impressionnants… Est-ce que cela est tiré de ses rêves ou bien de l’utilisation de drogues ?
Paul Pope : Ces passages sont effectivement inspirés d’une sorte de rêves que j’ai eu, il y a longtemps. J’ai surtout aimé casser les perspectives classiques que les comics ont souvent et mes rêves m’ont aiguillé en ce sens.

Quels titres conseilleriez-vous aux terriens ?
Paul Pope : En manga, il y a un titre que j’adore par-dessus tout, c’est Dragon Head de Minetaro Mochizuki. C’est absolument génial, les visions d’apocalypse sont époustouflantes. Pour les derniers comics que j’ai lus, je conseillerais aussi All Star Superman de Grant Morrisson et de Frank Quitely, c’est une bonne histoire.

Aimez-vous la façon dont sont présentés les super héros ces dernières années, plus torturés, plus profond,…
Paul Pope : J’aime bien ce que Warren Ellis a fait sur Planetary, c’est un bon scénariste. Lui et Grant Morrisson sont probablement les meilleurs scénaristes de ces derniers temps. Les super héros en sont devenus plus intéressant et moins manichéen. J’aime bien cette approche, c’est celle que j’essaie d’avoir pour mes titres.

Si vous aviez le pouvoir cosmique de vous téléporter dans le crâne d’un autre auteur de BD, qui iriez-vous visiter ?
Paul Pope : Pourquoi pas Georges Gross ou encore Minetaro Mochizuki. Si je pouvais aller visiter d’autres personnes, j’irais bien visiter John Lennon ou Miles Davis.

Merci Paul !