L'histoire :
Prologue. Quelque part aux toilettes des femmes d’un bar mité munichois. Joseph sort des chiottes et s’affiche devant trois nanas sans voix. C’est sa technique de drague. Paraît que les femmes aiment ça, les machos fiers d’eux-mêmes. C’est en tout cas ce que croit Frantisek. Lui, Joseph, Hector et Osaka sont des amis de beuverie et de « rave ». Et Joseph fait partie de ceux que seule la mort arrêtera… Livre Un : Osaka. Osaka crèche et mixe au 19ème étage d’un immeuble de l’Olympiazentrum. Aujourd’hui visiblement, il a trouvé un son TERRIBLE ! La sueur lui en coule sur les tempes. Après avoir rangé le vinyle dans sa sacoche, Osaka sort de chez lui. En bas, dans la rue, on croise toutes sortes de personnes. Un vendeur décrépi de journaux révolutionnaires et un illuminé énumérant les noirs en tout genre (noir de carie, noir de couenne de porc, noir d’uniforme norvégien, etc.). Des personnages un peu cinglé, épinglés dans l’émission de Mary-Linn, une star de la télé. Et c’est à partir de là que la vie d’Hector Umbra a sombré. Ce jour-là, Osaka devait jouer dans un des meilleurs clubs de la ville – avant de disparaître – et Frantisek passait justement le prendre. Y’a deux mois aussi, Hector commençait à peindre inexplicablement d’affreuses créatures bizarres qui, tout aussi inexplicablement, prirent vie ! C’est ainsi que le cauchemar commença…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Révélé au festival d’Angoulême 2004, Hector Umbra comprend trois livres dont seul le premier fut – à notre connaissance – publié en France sous le titre Osaka. Depuis, plus de nouvelles. Et nous voici en cette rentrée 2009 avec un intégral, traduit et édité par les soins de la maison Akileos. Une œuvre de plus de 200 pages couleurs, réalisée des mains d’un seul homme : le Munichois (né à Karlsruhe), Uli Oesterle. Une bande dessinée venue d’outre Rhin, voilà qui est suffisamment rare pour être souligné ! D’inspiration diverse (comics notamment), Hector Umbra raconte l’aventure d’un homme, à la recherche d’un ami disparu – le fameux Osaka – par la musique et le délire de qui a pris corps une ribambelle de créatures monstrueuses, toutes plus fantastiques les unes que les autres. Osaka n’est pas seul en cause mais qu’importe (…). Récit « de jeunesse » en quelque sorte, le titre témoigne d’une fraîcheur réelle de ton et d’expression, parfois maladroite mais néanmoins singulière. Album « Rock n’Roll » sur bien des points, déroutant et hermétique pour le néophyte au début, Hector Umbra affiche une galerie conséquente de gueules, plus ou moins abîmées, voire cassées (l’empereur Léo Bulosa et ses « intracérébraux », le défunt Joseph, Hector bien sûr, etc.). L’étrange don de vision dont est victime (plus qu’autre chose) notre héros, culmine en fin en un mal appelé « le syndrome de la cathédrale ». Tout un programme ! Métaphore filée d’une rave party géante, la société décrite par Uli Oesterle interroge une certaine « post-modernité ». La narration mêle dialogues et introspection. Le propos monte ne puissance au fil de planches au trait surligné et aux couleurs très marquées – l’absence des blancs traités uniquement par le biais des bulles renforce l’atmosphère « underground » désirée. En définitive, traduit en 5 langues à ce jour, l’œuvre d’Uli Oesterle mérite votre attention. Un « trip » déroutant servi par un graphisme appuyé : singulier.
