parution 04 avril 2012  éditeur XXI  Public adulte  Mots clés Autour du 9ème art

XXI T18

Femmes du Yémen (kiosque)

Au pays du qat, Aïcha porte le niqab dans la rue à la manière de centaines d’anonymes et enseigne aussi l’informatique. Le Yémen change et les femmes en sont le révélateur comme le catalyseur. Une incursion dans un pays qui attend sa révolution.


 XXI T18 : Femmes du Yémen (0), bd chez XXI de Montanari, Bertotti
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  • Scénario Yellow Star Yellow Star Grey Star Grey Star

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  • dessin Yellow Star Yellow Star Yellow Star Grey Star

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©XXI édition 2012

L'histoire :

Le 20 octobre, c’est le premier jour à Sanaa pour Agnès, journaliste-photographe. Dans la capitale yéménite, elle découvre un pays beau, méconnu, et en pleine mutation. Son moteur, les femmes, dont la condition évolue lentement, entre attachement aux traditions et soif d’indépendance. Aïcha est l’une d’entre elles. Comme toutes les yéménites, elle porte le niqab dans la rue, péage urbain des femmes qui veulent se promener « libres ». Aïcha s’interroge aussi sur son mariage arrangé avec Jamil, source de tensions familiales. Voilà pour la tradition. Mais le pays se modernise aussi et les femmes tentent de prendre le train de l’émancipation. Comme les hommes, Aïcha travaille et enseigne l’informatique. Ida, elle, vingt et un ans, fête en niqab l’obtention de son diplôme tandis que sa mère, ravie, en pleure de joie. Comme tout pays qui entre dans la modernité, les habitudes sont bousculées et les repères brouillés : Amina est à la tête d’une entreprise qui emploie une trentaine de personnes, Lémia refuse la polygamie contrairement à Ghada, mais sous certaines conditions (être la première épouse, maladie ou incapacité à avoir des enfants) et Aroua apprend l’anglais et la gestion, dans un pays où les femmes représentent 37% de la population active. Il y aussi cette histoire tragique d’une jeune femme de 18 ans qui a eu le malheur de pencher la tête par la fenêtre sans avoir revêtu le niqab. Son frère lui a tiré dessus pour la punir. Résultat : colonne vertébrale touchée et paralysie à vie. En rompant avec le passé, le Yémen accomplit sa révolution silencieuse, non sans sacrifices ou déchirements…

Ce qu'on en pense sur la planète BD :

Attention, cette chronique porte uniquement sur la BD de 30 pages d’une revue qui en comporte plus de 200. Juriste de formation, Agnès Montanari a aussi souvent changé de métier : enseignante, éditrice, attachée commerciale, photographe. Pour la revue XXI, elle est partie trois mois et demi à la rencontre des femmes du Yémen, voilées ou non. L’occasion pour elle de raconter ce pays, d’identifier les ressorts d’une révolution silencieuse et de radiographier les dynamiques économiques ou sociales à l’œuvre, à travers le destin de ses habitantes, essentiellement, et de tous âges : Ida, Houssen, Jilan, Lamia et les autres, en quête d’autonomie, y suivent des trajectoires définies mais balbutiantes, entre tentation de la modernité et carcan oppressant de traditions séculaires. Ces « Reines de Saba » aspirent à vivre simplement, au-delà des a priori, des règles et des conventions toujours vivaces. Informative et ludique, intéressante voire pédagogique et entrecoupée de photographies en noir et blanc, la douce narration est mise en valeur par la sobriété du trait de l’italien Ugo Bertotti, épuré et chaleureux, à la mise en couleur atténuée, comme pour mieux souligner la lente transition qui s’opère dans ce pays arabe relativement calme, à l’heure des grandes secousses révolutionnaires. Dans ce reportage, les auteurs nous tendent finalement le miroir d’un monde où les femmes sont à la fois le moteur et le révélateur du changement, au cœur de la lutte pour l’égalité des droits, dans le prolongement des manifestations de février 2011 réclamant le départ d’Ali Abdallah. Mais en silence, loin des tirs et loin du sang…

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