L'histoire :
De 2022 à 2026, c’est l’ère du nucléaire, de la conquête de l’espace, du plastique, de la globalisation, de la numérisation et de l’internet. L’humanité aspire de plus en plus à un échange d’égal à égal… mais récolte souvent une surdose de futilité. La vie terrestre s’urbanise à outrance et l’humain s’interconnecte. De nouveaux flux de trafic et des véhicules individuels de nouvelle génération raccourcissent la durée des trajets et rapprochent les continents. Partout là où c’est possible, les capacités libérées sont placées sous le signe du libre épanouissement de l’individu. Les limites de l’Art sont sans cesse repoussées. Pour irradier de cette inventivité, les besoins en énergie sont délirants. Après une expansion mondiale, les installations solaires, thermiques et éoliennes supplantent le complexe énergétique non renouvelable. Des stations démesurées sont placées sur Terre et dans l’espace. L’Afrique subsaharienne devient une région d’innovation. La Grande muraille verte et le boum de la tech stimulent le continent…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Gamma… visions est le quatrième et dernier volet de la tétralogie du « grand récit » de l’allemand Jens Harder. Une sorte de Bible, pas moins, qui retrace la représentation que les hommes se sont forgées de leur propre Histoire et de leur place dans l’univers, en nous bombardant d’images bichromiques trashées et pixelisées. Tenant compte des formidables capacités d’autodestruction humaines, quelle que soit l’époque, le 4e opus de cette œuvre monumentale et ambitieuse se concentre logiquement sur l’avenir : quel sera le destin de notre planète ? L’humanité arrivera-t-elle a dominer le changement climatique et l’effondrement des écosystèmes ? La technologie jouera-t-elle un rôle dans notre survie ? Après nous avoir raconté sa genèse, dans ce dernier volet, Harder nous projette donc incroyablement loin dans le temps cosmique et retrace les ultimes développements de la civilisation humaine, son transhumanisme radical, sa mutation en autres choses, jusqu’à son apocalypse inévitable – puisque non seulement notre Soleil a une durée de vie limitée, mais que l’univers tout entier est promis au big crunch, selon les astronomes. Même cette extinction du grand tout dans une tête d’épingle, Harder le « dessine » sous son approche infographique trash qui fait pleurer l’œil, après nous avoir littéralement bombardé et totalement subjugué d’images du genre, mais photoréalistes et crédibles, d’un futur plausible, à peine légendées par des phrases descriptives visionnaires – avec des incrustations de symboles dans la syntaxe… pour faire code robotique ? L’ouvrage est chapitré en 8 grandes périodes : les temps modernes (jusque 2066), solarisation (jusque 2280), ultime remplacement cybernétique (jusque 2535), ères de la grande séparation (jusque 6850), ère des symbol (jusque 120 000), ère du tissu galactique (jusque 800 Ma), ère de la grande déperdition (jusque 22 000 Ma), ère de la déflagration pancosmique (jusque 100 000 Ma). Entre chaque phase, en ouverture de chapitre, une pleine page de chronologie du futur détaille date par date les évolutions. Tout cela découle d’une imagination débridée et scientifisée, donc relève de la prophétie. En préface, Alain Musset pose une question légitime : Jens Harder est-il fou ? La réponse est assurément oui, si l’on considère que le progrès nait régulièrement de ce genre de folie, qui a l’audace de voir plus loin dans le temps que n’importe qui afin de projeter des futurs plausibles. Un avenir où tout disparaîtra et tout se recomposera.
