L'histoire :
En pleine randonnée, la Patrouille des Castors progresse dans une forêt, alors que la nuit tombe et qu’une pluie persistante s’abat sur eux. Le village le plus proche étant à sept kilomètres, ils décident de bivouaquer sur un terrain sec. La nuit, Mouche est réveillé par un bruit suspect. Il n’est pas le seul : Poulain aperçoit une silhouette armée d’un fusil rôder autour des tentes. Le lendemain matin, intrigués, les scouts enquêtent. Ils découvrent des traces de pas, les ruines d’une vieille statue et, cachées derrière les feuillages, celles d’une ancienne abbaye. Alors qu’ils explorent les lieux, un homme surgit, prétendant être garde forestier. Il les chasse violemment en les menaçant de les conduire à la gendarmerie. Étonnés par son comportement – aucun insigne visible, des chaussures identiques à celles repérées la veille – les Castors s’exécutent, sans trouver le moindre panneau interdisant l’accès au bois. Sur le chemin du retour, ils croisent un fermier en difficulté avec sa charrette embourbée. En bons scouts, ils lui viennent en aide. La discussion qui s’ensuit relance leurs soupçons : le fermier affirme qu’il n’y a jamais eu de garde forestier dans cette forêt, mais que l’endroit est évité, car hanté par les fantômes des anciens moines de l’abbaye. Dès lors, le mystère s’épaissit, et la Patrouille comprend qu’un secret bien réel se cache derrière cette mise en scène inquiétante.
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Les éditions Ad Hoc ont eu la belle idée de lancer la collection Vint'page, qui propose des rééditions en fac-similé d’albums cultes du 9ᵉ art. Pour inaugurer cette série patrimoniale, Le Mystère de Grosbois, l’une des aventures les plus emblématiques de La Patrouille des Castors ! Ce classique signé Jean-Michel Charlier au scénario et Mitacq au dessin plonge les lecteurs dans un récit de scoutisme, de forêt, de ruines et d’étrangeté – bref, dans le grand frisson d’une époque. Mais cette réédition va bien au-delà de la simple nostalgie. Grâce au fac-similé, c’est toute une sensation de redécouverte qui s’opère. On a parfois l’impression de se glisser dans l’atelier du dessinateur, de voir naître les planches sous nos yeux, avec leur trait clair, leurs compositions ciselées, et cette science du mouvement qui donne vie à chaque scène. On imagine Charlier, ancien scout lui-même, puiser dans ses souvenirs de jeunesse pour construire des intrigues précises, ancrées dans une forme de morale d’action et d’intelligence collective. On sent aussi le travail patient de Mitacq, dans un contexte encore balbutiant pour la bande dessinée belge des années 1950, où tout était à inventer, du rythme aux cadrages. Le charme de cette édition tient aussi à son petit supplément d’âme : un cahier documentaire revient sur le contexte de création, les choix narratifs, les évolutions graphiques. En replaçant Le Mystère de Grosbois dans son époque, l’ouvrage donne à lire non seulement une histoire d’aventures, mais aussi l’histoire de la bande dessinée elle-même. Et cette plongée dans le passé agit comme une capsule temporelle : à travers l’humilité, la débrouillardise et la fraternité des jeunes Castors, c’est tout un imaginaire d’après-guerre qu’on retrouve, empreint d’élan et de confiance dans la jeunesse. Ce lancement s’accompagne déjà d’annonces prometteuses : la collection Vint'page prévoit de publier L’Ombre du Caméléon de Ric Hochet, La Route d’Acier de Chick Bill, et L’Inconnu de la Villa Mystère, autre épisode marquant de La Patrouille des Castors. En parallèle, une intégrale consacrée à Jess Long, signée Piroton et Maurice Tillieux, viendra enrichir l’offre patrimoniale. Un travail éditorial exemplaire, qui redonne ses lettres de noblesse à la bande dessinée populaire comme on l'aime.
