L'histoire :
Dans le futur, l'Homme a pris possession de l'espace et s'est construit de nouveaux habitats, comme le Tore de Stanford, une sorte d'anneau gigantesque sur lequel des conditions de vie sont reconstituées. Deirdre réside sur le Tore depuis son enfance. Dès qu'elle a été en âge de travailler, elle a économisé son argent afin de réaliser son souhait le plus cher. Elle est en effet en contact avec un homme, Karl, et meurt d'envie de le rencontrer. Le seul problème est qu'il vit sur Terre. Deirdre se paie donc le voyage de ses rêves et déchante bien vite à son arrivée sur la planète nourricière. Alors qu'elle paie une taxe pour avoir passé la douane avec des crêpes offertes par sa grand-mère, la jeune femme remarque que l'argent qu'elle a pu mettre de côté n'est que peu de chose comparé à la vie terrienne. Une fois sa chambre d'hôtel trouvée, Deirdre reprend contact avec Karl. Mais celui-ci lui annonce vivre dans une ville assez lointaine. Pas découragée pour autant, elle comprend que pour le rejoindre, elle doit se trouver un travail. Mais là encore, les épreuves sont nombreuses...
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Coloriste sur Mutafukaz T2 puis dessinateur d'une partie du volet zéro de la même saga, Bicargo a progressivement gagné sa place d'auteur complet au sein du 9ème art. Aujourd'hui, il débarque avec Pourquoi j'ai voulu détruire ce monde où il se charge du scénario, des dessins et des couleurs. L'histoire est celle de Deirdre, une jeune femme ayant vécue toute sa vie sur un satellite artificiel de la Terre, et qui visite la planète bleue pour la première fois. Elle espère y retrouver un homme qu'elle ne connaît que virtuellement. Elle quitte donc un monde connu pour un univers fantasmé et va vite déchanter. Le récit est très agréable à suivre, la narration prend son temps et se plaît à décrire le mode de fonctionnement qui est aussi étonnant pour Deirdre que pour le lecteur. Celui-ci découvre alors notre Terre sous un nouvel aspect, suivant un axe philosophique. Loin d'offrir une ambiance oppressante à la Blade Runner, c'est un décorum moins dépressif qui est délivré par Bicargo, bien que la cruauté et la dureté de ce monde soient visibles. Deirdre est courageuse, mais au vu des différents bâtons qui lui sont mis dans les roues, on comprend aisément son énervement progressif. Visuellement, l'auteur rend une copie moderne, teintée d'aspects rétros, au dessin épuré et travaillé. Pour un premier album en solitaire, Bicargo s'est très bien débrouillé. Un auteur à suivre...
