L'histoire :
Le 29 novembre 1693, cinq notables et nobles français se distraient à l’aide d’un jeu de cartes au sein d’un luxueux hôtel de Saint Malo. Leur discussion est vive au sujet des responsabilités partagées pour faire face à la menace anglaise. La flotte de la perfide Albion a en effet pris l’île de Cézembre et elle bombarde le château de la Roche-Gouyon. La forteresse de Saint Malo est donc en première ligne pour défendre la Bretagne et la France. Soudain, une gigantesque explosion retentit, qui brise les vitres, déclenche un petit raz-de-marée contre les remparts et projette des projectiles de diverses tailles sur les toitures de la cité malouine. Tous craignent que le magasin de poudre ait sauté… Une enquête est immédiatement menée, notamment par le connétable Nicolas Magon. Il s’agit de comprendre ce qui s’est passé, de mesurer l’importance des dégâts et d’établir les responsabilités. On retrouve une épée d’honneur sur le rempart au pied de la tour Bidouane. Elle appartient à un jeune soldat, Ronan Dietrich, qu’on a précisément aperçu en train de faire des signaux avec une torche quelques secondes avant l’explosion d’un navire rempli de poudre lancé contre la ville ! Dietrich devient le suspect n°1… mais il a disparu. Ils ignorent encore que ce dernier est un bâtard du célèbre ingénieur de Louis XIV, Vauban…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Aussi paradoxal cela puisse être, puisque l’un des plus importants festivals de bande dessinée se tient chaque année en la cité fortifiée de Saint Malo, mais aucune biographie du célèbre ingénieur de Louis XIV, Vauban, n’avait jamais été proposée en BD. Les éditions Anspach réparent cette infâmie avec le premier tome d’un diptyque en devenir, scénarisé par le malouin Jean-François Miniac. Cet épisode tourne entièrement autour d’un évènement authentique : l’attentat mené sur Saint Malo par les anglais le 29 novembre 1693. Un navire bourré d’explosifs, un brûlot passé à la postérité sous le nom de « machine infernale », a en effet été envoyé contre les remparts de la ville, avec l’objectif de réduire à néant la ville fortifiée et d’enclencher une réaction en chaine avec la poudrière contenue dans la tour Bidouane. Ce fut un semi-échec, car ledit brûlot s’est échoué à 50 pas de son objectif et a pris l’eau… il n’y eut que quelques dégâts matériels et les seuls morts furent les anglais qui ont mis le feu aux poudres ! Miniac se permet une part de fiction romancée dans ce fait historique, avec l’implication d’un fils bâtard de Vauban dans l’attentat. Or si tout est extrêmement bien documenté et rigoureusement édifié par des spécialistes de l’époque (validé par Gilles Foucqueron, expert de la question malouine), la narration est fort peu impliquante et les dialogues se noient dans des détails de rôles et de lieux, qui parleront surtout aux spécialistes ou aux locaux férus d’Histoire de leur ville. La narration entremêle des flashbacks et des flashforwards à différentes époques… et on se perd dans la temporalité. Le joli dessin d’Andrea Rossetto, lui aussi fort bien documenté, compense cependant l’immersion dans cette époque meurtrie par les guerres de religion. Il faudra attendre les prochains tomes, d’une série-concept prévue pour contenir plusieurs arcs, pour éventuellement comprendre le génie militaire de Vauban.