L'histoire :
L'errance se poursuit dans le Paris de l'occupation pour Arlette et Anna, à la recherche de faux papiers pour la jeune magicienne qui doit fuir le pays. Un premier rendez-vous chez Madame Gabrielle, une femme qui donne le tuyau, la bonne adresse pour obtenir le passeport pour la liberté. Mais il faut à tout prix éviter les contrôles, chaque bruit de pas ou de moteur de véhicule poussent les deux amies à se cacher. Cette fois-ci, elles franchissent les grilles du Jardin des Plantes. Le face à face inattendu avec des animaux surpris est l'occasion d'un moment de répit et d'une conversation qui va faire comprendre à Arlette pourquoi Anna cherche à tout prix à quitter la France. Son père a été arrêté par la police française, alors qu'ils effectuaient ensemble un numéro de magie dans un cabaret de la capitale. Elle ne doit la vie sauve qu'à un grand coup de chance. A bord d'une péniche nommée l'Espérance, Anna rencontre celui qui doit l'aider, mais rien n'est gratuit bien évidemment. Le prix à payer n'est pas acceptable pour la jeune femme, et les évènements prennent un nouveau tour.
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Cette rencontre entre deux âmes un peu perdues dans les rues parisiennes sous l'occupation est totalement portée par l'élégance du trait classique d'Al Coutelis. Le dessinateur dispose de beaucoup de temps dans ce scénario très étiré pour orchestrer de jolis moments, et tenter de concrétiser l'ambiance de mystère que les deux auteurs ont visiblement tenté de créer. Par moments, c'est très réussi, grâce à des couleurs sobres ou légèrement irréelles. On a souvent envie de ralentir sa lecture pour apprécier ces images. Le face à face avec un éléphant dans un jardin, ou les explosions de feux d'artifice sous un véhicule de police, sont des instants qui s'enchaînent sans logique évidente, mais créent une atmosphère de poésie qui contraste avec la gravité de la situation des deux héroïnes. Ces choix visuels cinématographiques se heurtent parfois à des dialogues très simples, qui semblent interrompre la rêverie et avoir un peu de mal à prolonger l'atmosphère. Il semble alors manquer quelque chose pour que ces phrases très courtes prennent toute leur force dramatique. Très vite, des scènes muettes reprennent la main, racontant de manière très découpée et pratiquement sans ellipses les grands moments d'une amitié forte, qui prendra plusieurs fois des chemins inattendus.
