L'histoire :
Lytha accompagnée de sa poule Cot-Cot est sous la responsabilité d’un Golem pendant que ses mamans partent vendre leur produit dans une contrée lointaine. Avant de partir, elles ont pris soin de rédiger un carnet avec toutes les consignes et les exercices que Lytha doit faire le temps de leur absence. La petite fille semble très loin d’avoir envie de le suivre et préfère s'adonner à ses occupations. Un beau matin, un piafteur (un oiseau-facteur) vient annoncer à Lytha le tragique accident de bateau dans lequel ses mamans ont péri. Après plusieurs jours de deuils, elle choisit de reprendre le carnet et de le suivre à la lettre, espérant ainsi revoir ses mères une fois qu’elle aura fait toutes ses tâches. Elle s’obstine à devenir celle que ses mamans ont toujours souhaité qu’elle soit, une façon pour elle d’espérer les faire revenir. Elle s’enferme dans une routine chronophage qui ne l’épanouit pas et qui ne fait en rien réapparaitre ses parents. Le Golem qui prend soin de la jeune fille, joue à la fois le rôle de protecteur et d’homme à tout faire, mais il ne possède pas le langage. L’isolement de la petite fille est donc à son paroxysme. Lytha prend alors la décision de lui modeler des doigts et d’inventer un langage des signes bien à eux. Depuis qu’ils arrivent à communiquer, une certaine joie de vivre est revenue et une belle complicité s’est créée. Néanmoins rien ne remplacera l’amour de ses mamans et Lytha ressent toujours un grand manque au fond d’elle. Elle se met donc en tête de recréer ses mamans en terre crue à l’aide de la « margile » (terre magique), pour façonner des Golems à leur image. Mais cela ne se passe pas vraiment comme prévu…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Scientifique de formation, Rachel Zirma dessine depuis l’enfance et n’admet que tardivement qu’elle veut vivre de la bande dessinée. Après plusieurs fanzines et créations collectives, elle publie ici sa première bande dessinée en tant qu’autrice complète. Dans un registre Cosy Fantasy, elle aborde avec délicatesse le sujet du deuil dans l’enfance. Malgré son trait doux et ses couleurs chaleureuses, elle transmet avec justesse les peurs et angoisses liées à la mort chez l’enfant et les conséquences qu’elles peuvent engendrer. Car la plus grande peur chez tout enfant est de se retrouver un jour orphelin. Ici, la petite Lytha le devient dès le début de l’histoire. Zirma réussit à recréer les étapes du deuil, entre le choc, le déni jusqu’à l’acceptation et la reconstruction. Elle montre qu’une souffrance peut toujours être présente, mais il est possible d'y survivre. Transporter un quotidien et des émotions humaines dans un univers de magie permet également d’amener de la distance et donc de la légèreté. De plus, la poule Cot-cot, apporte une touche d’humour qui n’est pas négligeable. Comme plusieurs auteurs de la nouvelle génération, Zirma réussit à intégrer la diversité et la différence comme norme sociale. Ce one shot mériterait une suite ! Une très belle réussite à mettre entre toutes les mains, petites et grandes.
