L'histoire :
Officier du génie, Adrien est un lieutenant de l’armée française. Engagé comme de milliers de jeunes hommes, il prend part au combat déchirant l’Europe en 1914. Mais lors d’une mission de reconnaissance aux abords de la Meuse, un tir d’artillerie allemande emporte une partie de son escouade, mais également le bas de son visage. Réformé et admis au sein de l’hôpital du Val-de-grâce, il passera 5 années entre les mains des chirurgiens, à se demander s'il retrouvera son visage d’antan. Pendant sa convalescence, notre jeune lieutenant se remémore la douce nuit passée dans les bras d’une certaine Clémence. Hanté par le souvenir d’une soirée enivrante, par le visage et les courbes de son amante, Adrien est partagé entre l'expectative de retrouvailles tendres et sentimentales, et la honte inhérente à son nouveau faciès. S’entourant de trois autres gueules cassées, Adrien apprendra l’espoir tout en devant composer avec les regards, le jugement, le rejet et l’incompréhension.
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Adaptation du magnifique roman de Marc Dugain, La chambre des officiers est un superbe récit sur les horreurs de la guerre, l’acceptation, l’espoir et l’amour. Suivant le personnage d’Adrien, victime des atrocités d’une guerre injuste, le récit se focalise sur le ressenti vécu par les gueules cassées de 14-18. La narration est faite à la première personne pour nous placer au plus proche du protagoniste, mais aussi de son ressenti et des différentes étapes par lesquelles il passera lors de sa convalescence. Ses rencontres avec d’autres soldats détruits par le combat, l’aideront à gravir de nouvelles marches, notamment celle vers l’acceptation de ce qu’il est devenu. Adrien doit vivre pour lui et non plus à travers le regard des autres, ce dernier étant devenu âpre et violent sur les vétérans du front. Un autre constat mis en avant par le scénario de Dugain, et par extension celui de Philippe Charlot, c’est celui de la bonté et de l’entraide. Abandonnés à leur sort, nos quatre héros n’ont d’autres choix que d’avancer main dans la main pour ainsi surpasser le traumatisme. Une belle déclaration d’amour à l’amitié et à la force de cohésion, mais surtout à notre capacité à passer outre l’apparence, la provenance et le sexe. Graphiquement, Alain Grand use de couleurs ternes et âpres pour mettre en image la dureté de la vie de ses âmes en peines, mais également l’horreur émanant de cette période terrible et anxiogène. Le soin apporté aux blessures de nos héros met également en exergue ce côté « horrifique » et déstabilisant, mais surtout les blessures, au propre comme au figuré, subies physiquement et psychologiquement. Nos protagonistes pensent n’être que le reflet d’eux-mêmes avant de s’émanciper et d’aller au-delà de leurs blessures. Un joli récit historique ou la psychologie, les émotions et le ressenti sont les combats les plus importants.
