L'histoire :
Dans l'effervescence d'un aéroport parisien, un homme arrive essoufflé au comptoir d'enregistrement. Verdict implacable de l'hôtesse : trop tard pour son vol vers Miami. Au même instant, une femme surgit, invoquant une répétition cruciale le lendemain. Même sentence pour elle. Contraints d'attendre trois heures pour le prochain vol, ils engagent la conversation. L'avion suivant affiche complet – aucune place libérée par d'éventuels retardataires. Forcés de passer la nuit sur place, l'homme suggère une escapade dans Paris. Elle refuse, mais propose plutôt une visite au Père-Lachaise pour un rituel nostalgique : déposer un baiser sur la tombe d'Oscar Wilde, souvenir de ses années étudiantes avec son amie Esther. S'introduisant clandestinement dans le cimetière, ils sont surpris par un homme – le sosie parfait de Wilde, ou plutôt son fantôme. Selon l'apparition, leur blocage à Paris n'est pas fortuit : ils doivent accomplir quelque chose avant de pouvoir quitter la ville. Une nuit entière s'offre à eux pour se libérer du poids de leurs secrets et, enfin, s'envoler vers Miami...
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
La Nuit est Belle nous plonge dans une histoire où le hasard bouleverse des destins. Un homme et une femme, dont les noms ne sont jamais révélés – un choix narratif qui renforce l'universalité de leur expérience – se retrouvent bloqués à Paris après avoir manqué leur vol pour Miami. Cette mésaventure banale prend une tournure extraordinaire lorsqu'ils visitent le cimetière du Père-Lachaise et rencontrent le fantôme d'Oscar Wilde. Cette apparition du célèbre écrivain irlandais, connu pour son esprit acéré et son œuvre marquante, n'est pas anodine. Figure tragique morte en exil à Paris en 1900, Wilde devient le catalyseur qui permet aux protagonistes de confronter leurs propres démons. David Graham tisse avec subtilité les thèmes du deuil et des adieux inachevés, explorant comment ces absences définissent nos vies. Parmi les personnages secondaires, la pharmacienne aux tendances suicidaires se distingue par sa profondeur émotionnelle et sa vulnérabilité brute. Son parcours sombre et son franc parlé offrent un contrepoint saisissant à l'atmosphère générale. L'homme apporte quant à lui une touche comique bienvenue, ses réactions décalées face à l'étrangeté de la situation créant des respirations dans ce récit chargé d'émotions. Aurélie Guarino transfigure Paris en un écrin nocturne à la fois mystérieux et envoûtant. Son trait semi-réaliste aux lignes fluides capture l'essence de la ville lumière dans sa version la plus intime, celle des ruelles désertes et des monuments baignés par la lumière tamisée des réverbères. La représentation du cimetière du Père-Lachaise est particulièrement réussie, oscillant entre réalisme architectural et atmosphère fantasmagorique. Ce récit nous emporte dans la folie d’une nuit parisienne. La nuit est chaude, elle est sauvage, la nuit est belle pour ses otages. Débrouillez vous maintenant pour vous ôter cette chanson de la tête : c’est machiavélique.