L'histoire :
Au début du siècle dernier, la jeune Amandine est obnubilée par l’accordéon de son grand-père. Il faut dire que le vieil homme est doué et passionné par cet instrument. Et cette passion, il l’a inculquée à la jeune fille dès son plus jeune âge. 30 ans plus tard, Amandine est devenue une accordéoniste reconnue dans tout le pays, mais elle a tout sacrifié pour la passion de son instrument. Le succès est au rendez-vous : elle enchaîne concert sur concert dans des salles prestigieuses au fil de ses tournées à guichets fermés. Pourtant elle se sent seule. Terriblement seule… Un beau jour, après son dernier concert de sa tournée couronnée de succès et d’éloges de la part du public et de ses pairs, elle rentre chez elle, fourbue. Arrivée dans ses appartements, son concierge lui indique qu’une missive lui est parvenue. C’est une invitation – encore – à jouer le soir de la Toussaint, dans un village reculé des Pyrénées. Malgré ses réticences, la jeune femme monte dans le premier train à destination du village. Mais une fois sur place, le lieu et ses habitants lui semblent étranges. L'endroit semble baigné dans plein de non-dits. On lui dit alors qu’elle doit apprendre et jouer un morceau unique. Mais la prestation doit être parfaite, à la note près ! En répétant la seule partition qu’elle devra jouer à la perfection, elle prend peu à peu conscience que la moindre erreur pourrait s’avérer fatale...
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Après L’Ondine De l’Étang, la catalane Anna Aparicio Catalá signe un conte graphique avec La Valse des Montagnes où l’accordéon devient à la fois instrument de grâce et fardeau existentiel. Amandine, virtuose reconnue mais épuisée, accepte une invitation mystérieuse dans un village isolé des Pyrénées. Là, elle doit apprendre un morceau inédit et l’exécuter sans faute. Cette contrainte, apparemment simple, prend des allures de sortilège et fait basculer la narration dans un univers où l’étrangeté flirte avec la poésie. Sur le plan visuel, le dessin surprend par son apparente naïveté : silhouettes étirées, regards disproportionnés, décors stylisés : tout semble fragile, presque maladroit, et pourtant cette stylisation colle parfaitement à l’ambiance. La couleur, dominée par des tons automnaux, apporte à la fois douceur et inquiétude, comme si la saison elle-même retenait son souffle. Chaque case joue sur l’équilibre ténu entre sérénité et menace, rêve et cauchemar. Mais c’est surtout la musique qui fait la singularité de l’album. Grâce au morceau original composé l’accordéoniste Marta Ledesma pour l’occasion, lecture et écoute se mêlent et l’expérience devient totale. En filigrane, il ne s’agit pas seulement de perfection musicale, mais d’un chemin intérieur vers l’apaisement et la renaissance... Au final, cette Valse des Montagnes est une œuvre sensible, troublante, où l’émotion prime sur l’intrigue et où la poésie finit toujours par l’emporter.
