L'histoire :
A 16 ans, Rojava est une jeune femme combattante kurde du YPJ qui fait le buzz sur les réseaux. Une équipe de reporters la suit et la met en scène dans sa lutte contre Daesh dans la zone en ruine occupée par l’armée islamique. Elle est mignonne, courageuse, fashion… et ce jour-là, elle débarque sans prévenir au sein de la section commandée par la commandante Rukan, en première ligne du « front ». Rukan est passablement agacée par ces charlots de la presse qui ne pensent qu’à faire des images romanesques, au mépris des réalités du terrain. Les filles de l’équipe s’arrangent pour les mettre en panique et les forcer à décamper vitesse grand V, à grand renfort de grenades de plâtre – bruyantes et poussiéreuses, mais sans danger. Dans le tumulte, Rovaja reste néanmoins sur place, avec son fusil de sniper à visée infrarouge. La voilà intégrée de rocambolesque manière parmi la section de combattantes. Elle fait la connaissance de Gulan, qui fait sans cesse des blagues, de Rohani, infirimière et cuisinière, mais aussi de la jeune Surkheen, une gamine qui la suit sur les réseaux, totalement fan ! L’ambiance est plutôt détendue, même si la commandante Rukan est une rude, stricte et exigeante…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Le scénariste Aurelien Ducoudray aime le mélange des genres. A 16 ans, son héroïne Rojava est une post-adolescente qui met son joli minois au service d’une noble cause militaire : elle est à la fois youtubeuse en vogue, suivie par une équipe de téloche qui cherche à fournir de belles images, et tireuse d’élite peshmerga au sein de l’armée de femmes du PKK. Ces combattantes kurdes, les YPJ, ont lutté contre Daesh en Syrie et en Irak entre 2014 et 2021... et continuent de faire valeur leur émancipation. Un peu ingénue mais de bonne volonté – c’est-à-dire pile ce qu’il faut pour faire une héroïne attachante – Rojava débarque sur une première ligne de combats ultra tendue, au sein d’un groupe de filles plutôt détendues, bien que très expérimentées. Elle va apprendre les réalités du terrain, les mécanismes de solidarité et les règles de survie. Ensemble, elles « s’amusent » certes un peu beaucoup, par rapport à l’ambiance mortifère instaurée par les décérébrés fanatiques… mais les conditions de combat semblent néanmoins documentées et très réalistes. Ce nouveau diptyque (en devenir) est mis en scène par Sébastien Morice avec des personnages expressifs, des décors soignés et très crédibles, un découpage totalement immersif (comme toujours).