L'histoire :
Le vieux Théo et le réfugié kurde Amir sont voisins de clochardise. Ils habitent tous deux des cabanons bricolés sous le pont d’une grande ville. Comme souvent, Amir réveille Théo en sursaut, lorsqu’il pousse un cri pendant un cauchemar. Le jeune kurde a visiblement vécu un trauma de guerre qui le hante chaque nuit. Bref, Théo se réveille de mauvais poil et une violente quinte de toux propulse du sang sur le sol. Ils se mettent chacun de leur côté en quête de quelques nourritures récupérée sur les marchés ou dans des poubelles. Mu par le tiraillement de son estomac, Théo pique un poulet broché et doré dans une rôtisserie… et se retrouve coursé par les flics municipaux. Avec l’aide d’Amir, ils parviennent à semer les policiers et s’en retournent déjeuner en longeant leur quai. Ils trouvent alors un petit chien, tout mignon, qui semble perdu. Théo le prend d’affection et décide de l’adopter. Un chien, c’est super utile pour un clochard : ça monte la garde, ça aboie sur les intrus et ça permet de ne pas être embarqué dans les foyers d’urgence. Il le baptise « Whisky ». Mais dans les jours qui suivent, Amir est jaloux. Théo se préoccupe désormais plus de son chien que de lui. Ils s’engueulent…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Comme souvent au sein de la collection Grand Angle de Bamboo, Whisky est un récit « feel-good », en one-shot. On suit ici les mésaventures intra-urbaines de deux copains clochards qui trouvent un mignon petit chien et l’adoptent. Contrairement aux idées reçues sur les SDF, le Whisky du titre est le surnom donné au chien, nullement à l’alcoolisme préjugé. L’un des sans-abri se prend d’affection pour ce petit chien, l’autre le jalouse. Bref, bien que mignon et innocent, Whisky sème la discorde. Entre course-poursuites avec la police et gentilles engueulades, on suit leurs rapports d’amitié, leurs embrouilles, leurs dialogues amusants… et en lointaine toile de fond, l’évocation de la guerre au Kurdistan. Cette histoire scénarisée par Bruno Duhamel n’a cependant ni prétentions humoristiques majeures, ni dimension sociale trop poussée. C’est essentiellement une histoire touchante et truculente, rehaussée par les dessins toujours très humains et expressifs de David Ratte. Qu’il s’agisse du chara-design attachant ou des décors toujours très aboutis, Ratte est l’une des griffes semi-réalistes les plus équilibrées et appréciées du 9ème art aujourd’hui.