L'histoire :
Patty a de longs cheveux bleus bouclés, mais surtout, elle est télépathe ! Du moins, elle entend les pensées des autres, sans que les autres n’entendent les siennes. Or cette aptitude, qu’elle garde secrètement pour elle, s’avère aussi pratique que parfois gênante… Par exemple, c’est super cool de savoir qui la maîtresse va interroger, et sur quoi. Mais c’est aussi super embarrassant lorsqu’elle se met à entendre les pensées de ses parents à son sujet. Heureusement, la plupart du temps, les pensées des parents sont barbantes, pleines de tracas administratifs ou de corvées quotidiennes, donc Patty a tendance à les occulter. Un jour, alors qu’elle vient juste de rentrer de l’école, elle comprend en entendant les pensées de ses parents, qu’ils vont lui offrir un nouveau téléphone portable. A la fois, elle est ravie… mais elle s’inquiète aussi un peu, car ça n’est pas son anniversaire ! Un nouveau téléphone ne s’impose qu’en cas de souci grave, comme par exemple… leur divorce ! Cela dit, si ses parents divorcent, ça veut aussi dire le double de cadeaux. Elle est alors mise au courant : sa mère a trouvé un nouveau boulot très loin. Elle va donc devoir partir régulièrement de la maison pour de longues périodes, et ce nouveau téléphone sera le moyen de rester en contact. Patty est d’autant plus déçue que ledit téléphone est un ancêtre sans écran tactile…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Le super-pouvoir de télépathie (ou de télékinésie) est un fantasme infantile classique. Tous les gamins rêvent de percer les pensées des autres, afin de pouvoir bénéficier d’une belle avance sur leurs actes. Pour la première fois chez Bayard Jeunesse, le serial-créateur Lewis Trondheim attribue cette faculté à une gamine normale, dans un contexte social ordinaire : avec les copains, les profs, les parents… Au fil de « sketchs » en une planche (de 3 à 6 cases), auto-conclusifs mais qui s’enchainent aussi souvent, la petite Patty en profite donc pour tricher à l’école, pour espionner les pensées hétéroclites des quidams dans la rue, mais aussi pour percer les secrets inavouables de ses parents. Car sa mère travaille sur une plateforme pétrolière, ce qui la révolte. Trondheim mâtine donc ce début de série d’une problématique mobilisatrice (ou du moins sensé l’être) auprès des jeunes : le respect de l’environnement. Trondheim dessine le tout dans son style relativement simple, très lisible, sans zoomorphisme et excellemment rythmé. Dès ce premier tome, il ne fait pas qu’exploiter l’idée de base de la télépathie, il fait aussi évoluer le contexte de son personnage et de son pouvoir : à mi-chemin, Patty partage son secret avec quelqu’un de son entourage ; et vers la fin, son utilisation de la télépathie a soudain des conséquences moins futiles que la vie domestique ordinaire.