L'histoire :
Poppy se réveille aux portes de l’Enfer, accompagnée de son chat Pi, sans le moindre souvenir de ce qui a pu la mener là. Convaincue qui s’agit d’une erreur, elle tente de convaincre le gardien des lieux de la laisser repartir. Celui-ci, implacable, la méprise et lui ordonne simplement de faire la queue comme tout le monde. Mais lorsqu’il s’adresse à elle en l’appelant « petite fille », Poppy arrache la peau de sa main droite, révélant un squelette mécanique. Elle n’est pas une fille. Elle est Poppy. Suite à cette révélation, le gardien reste interdit, incapable de décider de son sort. Excédé, un démon aux allures de sangsue tente de la dévorer. Mais Poppy se défend avec une efficacité inattendue, tranchant l’une des bouches du monstre et s’étonnant elle-même de ses capacités. C’est alors qu’un diablotin surgit, faisant revenir le calme. Il lui propose un marché : il la guidera à travers les Enfers jusqu’au trône du maître des lieux, le seul à pouvoir répondre à ses questions… et peut-être lui offrir une porte de sortie.
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Poppy, phénomène d’Internet et artiste à la trajectoire aussi singulière que fascinante, continue de brouiller les frontières entre les genres avec cette incursion dans le monde de la bande dessinée. Connue pour ses débuts très (trop) pop sous l’influence d’un collaborateur toxique, l’artiste s’est réinventée dans l’univers du métal, jusqu’à devenir la première femme nommée aux Grammy Awards dans la catégorie « Meilleure performance métal ». Une transformation radicale qu’elle transpose ici en images à travers une narration à double niveau. Le scénario, habilement construit, alterne entre l’Enfer où Poppy essaie de comprendre qui elle était, et la « réalité », qui explore son passé et son émancipation. Le récit ne se contente pas de raconter une histoire : il incarne un parcours, une libération, une affirmation artistique et personnelle. Cette structure en miroir donne du relief à l’ensemble et capte le lecteur dès les premières pages. Côté visuel, deux dessinatrices se partagent le travail : l’une pour les scènes se déroulant dans le réel, l’autre pour l’univers infernal. Ce dernier, avec son style graphique très affirmé, porte à merveille l’atmosphère chaotique et étrange du récit, malgré quelques maladresses dans les perspectives ou les mouvements. L’identité visuelle forte l’emporte, et l’immersion fonctionne. En revanche, la partie terrestre, plus classique, souffre d’un trait moins marquant, qui peine à séduire visuellement, même s’il ne nuit pas au propos.