L'histoire :
En 1854, un savant russe met au point une roquette qui parvient à s’extraire totalement de l’atmosphère terrestre. Dès lors, la course à la conquête de la Lune est lancée. En 1908, l’astronome irlandais O’Tamor est certain qu’à la surface de l’astre, vivent des sélénites… et il se propose pour faire lui-même partie de la première expédition qui s’y rendra. Un philosophe polonais, Jan Korecki, accepte de financer l’expédition, à condition d’en être, lui aussi. L’équipe se complètera de l’ingénieur portugais Pedro Varadol, spécialiste de la propulsion ; puis du docteur Thomas Woodbell et de son épouse la biologiste Martha Priya-Woodbell. Le 9 juillet 1913, leur fusée décolle, propulsée par l’énergie cinétique. Le lancement se passe bien, la fusée décroche sa couverture aérodynamique et file droit vers le centre du Sinus Medii. Malheureusement, le contact radio se coupe définitivement quand la fusée parvient à une distance de 260 000 km. Ces explorateurs lunaires ne sauront donc jamais qu’une guerre mondiale se déclare sur Terre au mois d’octobre suivant leur départ et que l’humanité les oubliera logiquement. Quelques semaines plus tard, des enfants entendent une explosion dans un champ, qu’ils attribuent à un obus. Mais en allant sur place, ils découvrent une capsule envoyée en retour par l’équipe d’explorateurs lunaires, contenant un livre racontant leur incroyable périple à la surface de l’astre…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Après tout, il existe bien des complotistes pour croire que les premiers pas sur la Lune de Neil Armstrong et Buzz Aldrin sont une mise en scène tournée en studio ! Peu le savant, mais l’écrivain polonais Jerzy Zulawski avait écrit en 1901 un roman dans la lignée de Jules Verne (De la Terre à la Lune, 1865) et à la même époque que HG Wells publiait Les premiers hommes dans la lune ! C’est ce roman, Sur le globe d’argent, de Zulawski qui est aujourd’hui adapté par Marek Ospalski et Adam Fyda, compatriotes du romancier. On découvre donc pas à pas une expédition lunaire fantasmée, qui se déroule avec les moyens techniques plausibles et utiles à l’époque de la première guerre mondiale. Les 5 explorateurs vivent ainsi des aventures folles, qu’on sait bien évidemment aujourd’hui impossibles et fantasmatiques… mais il s’agit de respecter l’œuvre. D’ailleurs, c’est plutôt l’inverse qui est vraiment surprenant : qu’autant de paramètres réels aient été si pertinemment pensés et mis en scène, 68 ans avant l’expédition authentique d’Apollo 11. La pesanteur moindre, le froid ultime, l’absence d’eau et de vie, le besoin capital d’oxygène, le sentiment de vide absolu, les ruptures psychologiques dues à la promiscuité et à la démesure des découvertes… L’exploration est au début très accrocheuse et passionnante, mais ensuite, elle s’étiole dans les méandres de l’équilibre mental et de la métaphysique, sur 136 pages dessinées à l’aide d’un encrage fin et réaliste aussi congru qu’agréable.
