L'histoire :
En visite sur une expo, Manu s’agace du comportement des gens. Tous ont plus volontiers leurs regards tournés vers leurs téléphones portables que vers les œuvres accrochées. Le petit son strident des notifications gazouille partout autour de lui… jusqu’à ce que ça soit son tour. Manu vient de recevoir un « love credit » de lilprincesss93. Il swipe pour voir son profil… Beurk. Il rejette l’invitation. Tout en rentrant chez lui, il poursuit sa recherche de l’âme sœur sur l’appli de rencontres. Mais c’est déprimant, aucun profil ne lui plait ou n’accroche. Cette activité lui dure jusque tard dans la nuit. Le lendemain, une journée classique de boulot l’attend. Il effectue ses tâches quotidiennes en solitaire chez lui, comme un zombie, en passant encore beaucoup de temps à procrastiner et swiper sur l’appli de rencontres. Quelques jours plus tard, il confie sa déprime à un pote dans un troquet. Il peine à progresser sur son prochain bouquin et n’arrive pas non plus à avancer sur les applis de rencontres. Ça fait un an, cinq mois et trois jours que sa libido est au point mort. Il en vient à se poser des questions sur la vie de couple. Pourquoi la quête sentimentale l’obnubile autant, lui, célibataire hétérosexuel ? Qu’est-ce que les filles ont, qui rend les garçons aussi chèvres ?
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Dans Partir un jour, Manu Boisteau en pleine crise de la quarantaine faisait une auto-analyse aigre-légère sur sa condition d’auteur en plein doutes. Il semble qu’ayant désormais dépassé la cinquantaine, l’auteur n’ait toujours pas terminé son introspection. Le voilà en effet qui étend sa remise en question existentielle au sentiment amoureux et à son pénible quotidien de monogame. Le titre est partiellement emprunté à Marivaux, « Le Jeu » en moins… Faut-il en déduire que ces réflexions d’un mâle blanc, urbain, occidental, connecté et chauve sont loin d’être ludiques ? En tout cas, elles sont pertinentes et plutôt exhaustive, s’agissant d’établir le périmètre de la vie sentimentale à l’aune des applis de rencontres. L’auteur se met ainsi en scène au cours de différentes scénettes, au gré de ses échanges avec ses ami(e)s, son psy, son ex, son éditrice… et de ses conversations par SMS avec ses ex-futurs potentielles conquêtes. Le dessin stylisé est rapide, sans bordure de cases ; la colorisation se restreint à quelques aplats de fond (les personnages sont toujours tout blancs). L’introspection nombriliste est certes un peu longuette (196 pages) et redondante (on avance souvent ainsi, chez le psy), mais on ne s’ennuie jamais : les dialogues sont soignés et savoureux, tantôt cyniques, tantôt lucides.
