parution 26 janvier 2022  éditeur Casterman  Public ado / adulte  Mots clés Roman graphique

Killoffer en chair et en fer

Le robot domestique de Killoffer tombe en panne. Entre alcool et clopes, l’auteur tente de le faire réparer. Mais il bascule alors dans l’incertain… Une chronique futuriste 100% visuelle, éloquente mais malaisante.


Killoffer en chair et en fer, bd chez Casterman de Killoffer
  • Notre note Yellow Star Yellow Star Grey Star Grey Star

    CHEF D'ŒUVRE   Green Star Green Star Green Star Green Star

    TRÈS BON   Green Star Green Star Green Star Dark Star

    BON   Green Star Green Star Dark Star Dark Star

    BOF. MOYEN   Green Star Dark Star Dark Star Dark Star

    BIDE   Dark Star Dark Star Dark Star Dark Star

  • Scénario Yellow Star Grey Star Grey Star Grey Star

    CHEF D'ŒUVRE   Green Star Green Star Green Star Green Star

    TRÈS BON   Green Star Green Star Green Star Dark Star

    BON   Green Star Green Star Dark Star Dark Star

    BOF. MOYEN   Green Star Dark Star Dark Star Dark Star

    BIDE   Dark Star Dark Star Dark Star Dark Star

  • dessin Yellow Star Yellow Star Yellow Star Grey Star

    CHEF D'ŒUVRE   Green Star Green Star Green Star Green Star

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    BOF. MOYEN   Green Star Dark Star Dark Star Dark Star

    BIDE   Dark Star Dark Star Dark Star Dark Star

©Casterman édition 2022

L'histoire :

Dans un futur proche. Après une trop courte nuit, Killoffer se réveille difficilement chez lui. Il s’habille, met un masque et sort en ville faire quelques emplettes. Son drone personnel se tient déjà devant lui, en lévitation sur le palier de sa porte 7C. D’un bon pas, il descend par l’escalier, son drone le suit en permanence à un mètre derrière sa nuque. Killoffer passe au tabac pour des clopes, puis chez le boucher pour de la viande, puis il achète une bricole électronique. Il rentre chez lui, son drone retourne aussitôt se garer dans son caisson au-dessus de sa porte. Killoffer retrouve son compagnon robot dans la cuisine, qui lui mijote un petit plat. Le robot est tout content du cadeau que lui a rapporté son humain. Le repas prêt, Killoffer et son robot s’attablent, trinquent (vin contre bricole-plaisir) et « déjeunent » face à face. Or, une fois son déjeuner terminé, alors que Killoffer fume sa clope, un court-circuit se déroule dans la bricole-plaisir du robot. Le voilà inerte au sol, un peu de fumée s’échappant de sa tête-écran. Killoffer n’a rien besoin de faire, un réparateur à domicile intervient rapidement. Cet humain immatriculé 191961 connait son job, comme une routine. Il envoie une sorte d’araignée-sonde électronique à l’intérieur du robot pour analyser sa déficience. Il remet le robot en marche en mode minimal, afin de l’accompagner jusqu’à son placard-borne de mise à jour. Il laisse sa facture à Killoffer, puis repart, non sans indiquer qu’il faut attendre la fin de la régénération complète…

Ce qu'on en pense sur la planète BD :

Bienvenue dans un futur potentiellement probable (ou probablement potentiel), dans lequel les hommes sont accompagnés en permanence par un drone lors de leurs déplacements en ville (surveillance rapprochée ?) ; et dans lequel les robots partagent notre vie au foyer, comme compagnons de tous les jours (époux et/ou chien). A priori, on ne fait pas l’amour avec eux, mais on s’y attache tout de même beaucoup… Surtout qu’ils s’avèrent autant utile pour les tâches ménagères que pour nous seconder dans notre parcours professionnel. Comme souvent, Killoffer se met en scène en mode autobiographique, mais dans une vie future fantasmée quoique peu ragoutante, qui se déroule à 95% du temps dans le contexte de son appartement. La plupart du temps, il est à poil, il fait la gueule et il s’adonne à ses vices – clope et whisky – qui l’avachissent et ne le mettent guère en valeur. Mais ici, le propos se focalise surtout sur la stigmatisation et les affres d’un futur ultra-robotisé. Comme dans les séries TV sur le sujet (U-boot, Humans), la question est posée quant à savoir s’il s’agit d’attachement ou d’asservissement à la machine, voire aussi d’exploitation pragmatique. Ces trois sentiments s’entremêlent… et à vrai dire, vers la fin, on ne pige pas trop bien ce que veut dire l’auteur. D’autant que la narration 100% muette (zéro texte) est un exercice de style complexe. En revanche, graphiquement, Killoffer emploie un trait fin semi-réaliste parfaitement proportionné, détaillé dans ses décors et mis en scène avec une gestion savante d’un pur encrage noir et blanc (les masses de l’un se détachant régulièrement sur les masses de l’autre). La mise en page en paysage, au sein d’un gaufrier régulier de 6 cases par page, renforce l’aspect chronique de la vie quotidienne.

voir la fiche officielle ISBN 9782203239968