parution 01 mars 2008  éditeur Casterman  Public ado / adulte  Mots clés Esotérique / Guerre / Historique

Le futuriste

Début XXe, un artiste peintre miséreux et dédaigné signe pour une commande lucrative : imaginer la guerre du futur. Un récit faustien concocté avec brio, qui nous interroge sur le sens de la création…


Le futuriste, bd chez Casterman de Cotte, Stromboni
  • Notre note Yellow Star Yellow Star Yellow Star Grey Star

    CHEF D'ŒUVRE   Green Star Green Star Green Star Green Star

    TRÈS BON   Green Star Green Star Green Star Dark Star

    BON   Green Star Green Star Dark Star Dark Star

    BOF. MOYEN   Green Star Dark Star Dark Star Dark Star

    BIDE   Dark Star Dark Star Dark Star Dark Star

  • Scénario Yellow Star Yellow Star Yellow Star Yellow Star

    CHEF D'ŒUVRE   Green Star Green Star Green Star Green Star

    TRÈS BON   Green Star Green Star Green Star Dark Star

    BON   Green Star Green Star Dark Star Dark Star

    BOF. MOYEN   Green Star Dark Star Dark Star Dark Star

    BIDE   Dark Star Dark Star Dark Star Dark Star

  • dessin Yellow Star Yellow Star Grey Star Grey Star

    CHEF D'ŒUVRE   Green Star Green Star Green Star Green Star

    TRÈS BON   Green Star Green Star Green Star Dark Star

    BON   Green Star Green Star Dark Star Dark Star

    BOF. MOYEN   Green Star Dark Star Dark Star Dark Star

    BIDE   Dark Star Dark Star Dark Star Dark Star

©Casterman édition 2008

L'histoire :

En juillet 1912, Marie s’installe à Paris avec son amoureux, l’artiste peintre italien Luciano Salvatori, en dépit des recommandations de ses parents, des terriens méfiants et pragmatiques. Le couple vit sous les toits, dans un total dénuement… et Salvatori s’en fiche comme de l’an 40 : seul compte l’art. L’abnégation dont fait preuve Marie à l’endroit des besoins créateurs de son compagnon, ne suffisent guère à faire rentrer l’argent. En outre, l’artiste est prompt à dépenser le moindre sou glané, en beuveries : cela l’aide « à trouver sa muse ». Néanmoins, dans ces moments de débauche il côtoie du beau monde : Apollinaire, Picasso… Avec eux, il réinvente le monde, la révolution, la nécessité de (se) détruire pour (se) reconstruire et ainsi avancer. Les galeristes boudent néanmoins ses nus, montrant une technique assurée, mais trop quelconques sur le marché. Et puis un soir, Salvatori rencontre un curieux mécène, doté d’un accent slave. Ce dernier lui passe une commande incroyablement généreuse ! Il s’agit d’inventer la guerre du futur, les machines de destruction les plus imaginatives, d’un point de vue artistique. Salvatori signe le contrat (sur le dos d’un bossu) sans trop réfléchir, d’autant plus que la destruction participe de son idéal révolutionnaire. Une seconde plus tard, il se blesse avec une coupe de champagne et quelques gouttes de son sang atterrissent sur le contrat…

Ce qu'on en pense sur la planète BD :

Au départ, on pénètre dans un récit historique, entre chronique sociale et quête de muse, à l’époque des avant-gardes artistiques du début du XXe siècle. Le scénario d’Olivier Cotte nous présente alors un « héros » pas franchement sympa. Salvatori côtoie certes les grands de l’art, mais il reste un petit, dont les frustrations nourrissent les idées révolutionnaires. Certainement talentueux, cet anti héros insiste et se complet dans une voie où il n’est pas reconnu et – surtout – dans la débauche intime qui l’accompagne. Le tendre personnage de Marie, animée d’un désir maternel commun, n’apparait dès lors plus que comme le révélateur de cette mentalité égoïste. Au dessin, Jules Stromboni livre des planches parfaitement adaptées à l’ambiance sordide, s’appuyant en cela sur une monochromie qui ajoute à la fois un aspect suranné à l’histoire et se fait caisse de résonnance au total dénuement du couple. En marge de cette présentation, le récit emprunte une dimension faustienne évidente. Notre héros négatif commence en effet à honorer un pacte diabolique (signé de son sang), qui l’amène à inventer la guerre du futur… au moment même où débute la première guerre mondiale. La débauche de vie devient alors déviance humaine, la jouissance de la puissance armée excite ses sens, en guise d’écho freudien… Et le lecteur de s’interroger sur le rapport que peut entretenir l’art, procédé intimement créateur, et la guerre, aux fins uniquement destructrices. L’art peut-il donc tuer ? L’ambition de ce one-shot est dûment atteinte et finement jouée.

voir la fiche officielle ISBN 9782203370173