L'histoire :
Au lendemain de la signature de l’armistice, le 12 novembre 1918, deux français prisonniers en Belgique exultent de joie. Ils sortent simplement de leur camp en croisant le regard perdu des « boches ». Avant de retrouver sa femme, Augustin passe à Paris, remettre une ultime partition écrite par un compagnon d’arme défunt, à sa soeur. Dans les tranchés, André composait sur son violoncelle et partageait ses œuvres avec ses camarades. Le seul talent que lui rendait Augustin, était couché sur les lettres de sa femme. Geneviève dessinait de « vraies Valentines », à la manière de Matisse. Maintenant, assis dans le train du retour, Augustin les relit toutes en songeant au bonheur qu’il est sur le point de retrouver. Mais à peine est-il arrivé dans son village pyrénéen qu’on lui apprend la triste nouvelle : Geneviève est morte…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Pour se remettre de cette histoire, il faut se réconforter en lisant une bonne vieille tragédie grecque. Alors que la première page est plutôt positive (la guerre vient de prendre fin et Augustin est toujours vivant), la suite ressemble à une implacable descente aux enfers pour le héros. A la plume et aux pinceaux, Christian de Metter fait montre d’un sacré talent pour dépeindre (et peindre !) la misère sociale et humaine dans laquelle ses personnages sont plongés. La psychologie des protagonistes suffirait à elle seule à rendre le récit poignant. Mais l’intensité dramatique est encore appuyée par des peintures réalistes, d’une grande profondeur. Entièrement fondé sur l’espoir et les désillusions, le récit est sans concession aux réalités de l’époque. Gueules cassées, haines revanchardes, méchanceté paysanne, le tout parcouru de flash-back qui vous prennent à la gorge. Seules les lettres écrites par « Geneviève » (alias Catel Muller), les fameuses « Valentines », nous soulagent, comme pour Augustin, du poids de cette aventure pathétique. Un petit chef-d’œuvre graphique et narratif à déconseiller aux dépressifs…