L'histoire :
Camille Simon, un entomologiste français internationalement reconnu et habitant dans un pavillon résidentiel de Haute-Garonne, accuse réception de la dernière livraison de spécimens attrapés par Candido, son rabatteur au Brésil. Or il est stupéfait : dans le lot, se trouve un Parides Ascanius Nolentus, un papillon disparu depuis des années, qui vivait dans les marais de Rio de Janeiro… et que Candido a attrapé au Nord du Brésil à des milliers de kilomètres. Camille pense à une mauvaise blague de sa cousine Géraldine, toute aussi passionnée que lui par les lépidoptères. Après avoir vérifié que cette découverte n’était pas une erreur, Camille et Géraldine s’envolent pour le Brésil pour une étude sur le terrain. Si la survivance de ce papillon dans un autre microcosme que celui de son origine s’avère exacte, l’affaire peut faire du bruit dans le monde scientifique. Ils atterrissent d’abord à Rio, où ils comprennent comment l’urbanisation galopante a nui à l’environnement naturel du Parides. Puis au terme d’un éprouvant voyage en bus vers le Nord, ils rejoignent Camille dans la moiteur de la jungle. Ils logeront dans sa cabane sur pilotis au fin fond de la jungle, pour quelques semaines d’études qui vont leur créer bien des problèmes…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Pour leur première association, le scénariste Matz, rompu au thriller, et le dessinateur pointu Frédéric Bézian nous emmènent sur les chemins inattendus de la chasse au papillon au Brésil. Les héros sont des entomologistes qui tentent de percer le mystère de la survivance d’un lépidoptère dans un milieu qui n’est pas le sien. Or après avoir réussi à sanctuariser administrativement une partie de la jungle amazonienne pour les besoins de leurs recherches, ils subissent les foudres des éleveurs et des orpailleurs, qui n’hésitent pas à lever une armée pour les éliminer physiquement ou à tuer leur réputation en soudoyant la littérature scientifique. Via son dessin stylisé et fin, suivant un découpage séquentiel expert, Bézian déroule ce thriller mâtiné d’aventure naturaliste en noir et blanc, avec juste des couleurs vives et riches sur les différents papillons représentés de manière très réaliste. Tantôt, des parenthèses encyclopédiques apportent leur pleine dose de vulgarisation au sujet des papillons, une espèce extrêmement fragile et vulnérable qui ne meurt généralement pas de vieillesse, comme l’indique le titre, mais de mort violente. Le cœur du propos – la scandaleuse déforestation de l’Amazonie – est évidemment cousu de fil blanc écologique, mais la fragilité du papillon est également métaphorique quant à l’éradication des faibles face au bulldozer de la vénalité humaine.