L'histoire :
Au Québec dans les années 20, la petite paroisse rurale de Notre-Dame-des-Lacs est endeuillée par la mort subite de Félix, l’unique commerçant du village. Toute la communauté est attristée par cette perte et espère que Marie, véritablement affectée par la mort de son époux, continuera à tenir la boutique, la seule à des lieux à la ronde. Le soir de l’enterrement célébré par le nouveau curé – l’autre aussi est décédé il y a peu – Marie se pose réellement la question. Elle n’est pas originaire d’ici, elle n’a pas d’enfant… sera-t-elle capable d’assumer cette lourde charge seule ? Il faut reconnaître que les habitants ne la ménagent pas : au magasin général, il y a de tout : des vivres, des clous, des outils, du tissu… et surtout une âme charitable toujours prête à rendre service, quitte à se laisser déborder. Oui, mais c’est son caractère, à Marie, elle est bonne pâte… Lorsque le fils Archambault se casse la patte, c’est encore elle qui doit le conduire en urgence à Saint-Siméon, quitte à devoir apprendre à « chauffer » (conduire en québécois) en cours de route…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Voilà une expérience unique et assurément magique : Régis Loisel et Jean-Louis Tripp, deux « quinquas » largement accomplis au sein du 9e art, ont remisé leurs égos d’artistes pour fondre leurs talents en un unique dessin, d’une grande cohérence graphique. Difficile de dire ce qui appartient à Loisel de ce qui a été inspiré par Tripp : la résultante est un véritable mélange de leurs styles réciproques. En fait, la première étape (mise en page et crayonnés) a été réalisée par Loisel… pour ensuite être mise au propre et en lumière par Tripp. Le duo donne ainsi naissance à un auteur virtuel (Jean-Régis Loisripp ?) qui livre dans ce premier volet un dessin de toute beauté. L’histoire, quant à elle, ne raconte pas grand-chose : juste le quotidien d’une petite communauté campagnarde québécoise, durant une saison chaude des années 20. Et pourtant cela exprime énormément d’émotions. Que le bien-être de tous et de chacun vient de l’entraide ; que le bonheur est dans le pré ; qu’une estime sincère est bien plus forte qu’une amitié de façade… Bref, Magasin général est une véritable ode à la solidarité et à la tolérance. A travers ce premier épisode (sur trois prévus), « Loisripp » invente également un parlé franco-québécois compréhensible des deux côtés de l’Atlantique (avec l’aide du montréalais Jimmy Beaulieu). Les expressions savoureuses et hautes en couleurs ne manqueront pas de faire sourire et on ressort de ce premier épisode avec de la joie plein la tête.
