L'histoire :
Jean-Louis Tripp raconte son père, Francis ou plus particulièrement la relation privilégiée qu’il a eue en tant qu’aîné d'une fratrie de quatre enfants. C’est lors d’une réflexion de sa petite sœur sur les yeux tristes de leur père qu’il en prend conscience. En tant que fils aîné, il a eu les 4 premières années de sa vie seul avec ses parents et il garde de cette époque des souvenirs uniques avec son père. De plus, lui, il l’a connu avant le drame, contrairement à sa petite sœur Cécile. C’est ainsi que Jean-Louis Tripp remonte le temps et celui de sa mémoire, à travers les souvenir de son père. Jean-Louis nait un 4 février 1958 à Montauban pendant les Trente Glorieuses, la guerre d’Algérie et l’amorce de la Ve République. Il retrace ses souvenirs des plus anciens qu’il a gardés en mémoire : de ses deux ans et demi, posé dans le caniveau en face de l’épicerie, à son départ de la maison familiale pour son studio à Toulouse. Il met en image, comme des petites nouvelles dessinées : sa fugue dans les bois à un an et demi, la néphrite aiguë qui le bloque 6 mois alité chez ses grands-parents, les vacances en caravanes, la dispute aux haricots verts. Ses parents étaient tous les deux des instituteurs exerçant dans le Tarn-et-Garonne. Jean-Louis passe beaucoup de temps à jouer avec ses frères dans la cour d’école en dessous de leur logement de fonction. Mais aussi à trafiquer son vélo pour le transformer en chopper. Avec sa mère, malheureusement, il a peu de souvenirs, simplement parce qu’elle était occupée à la fois par son travail professionnel et par celui de domestique et qu’elle avait peu de temps à accorder aux loisirs avec ses enfants. À Auvers-sur-Oise, le père de l’auteur, Francis Tripier-Mondancin, meurt à 76 ans en 2006. Francis était militant communiste, professeur, séducteur, prolétaire et fier, mais c’était surtout un père.
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
On ne présente plus Jean-Louis Tripp, auteur complet. Il a publié de nombreux succès, dont Le magasin général avec Régis Loisel, mais aussi Extases. Il y a 2 ans, Le petit frère était déjà consacré à un membre de sa famille, son petit frère Gilles, parti accidentellement. Aujourd’hui, c’est l’histoire de son père qu’il raconte, des souvenirs qu’il revit à travers ses yeux d’enfant et d’adolescent. Ses cases sont des portraits de nostalgie. Sans jugement ni rancœurs, il se remémore avec beaucoup de douceur et d’admiration les instants passés avec son père, mais aussi avec ses petits frères, ses cousins et ses amis. Même quand certains souvenirs sont parfois douloureux ou honteux, l’auteur n’enjolive rien. On ressent une justesse à la fois à travers le propos et dans le dessin. Sa griffe reste fidèle, elle est classique et très détaillée. Les objets qui ont traversé les années 60 jusqu’en 90 sont identifiables et peuvent également plonger le lecteur de sa génération dans une belle nostalgie. Néanmoins, certains allers-retours dans la narration peuvent le perdre. Par ailleurs, le titre est trompeur. Il aurait été plus juste qu’il soit « Moi et mon père ». Il est effectivement davantage question de l’enfance de l’auteur et de sa relation avec son père plutôt que de son père en lui-même. Il n’y a pas d’informations sur l’enfance ou l’adolescence du patriarche, enfin pratiquement aucune avant la naissance de l’auteur. Ce n’est donc pas une BD consacrée au père, mais plutôt une autobiographie de l’auteur et la relation particulière qu’il entretenait avec son géniteur.
