L'histoire :
Paris, de nos jours. Lazhar, joueur de hautbois professionnel, vit dans un bel appartement, donnant entre autre des cours de piano particuliers. Ayant perdu son père, un petit délinquant, assez jeune, il n'est pas très sûr de lui, et use quotidiennement de DMT, une drogue plutôt douce, qu'il vapote. Alors qu'il donne un cours à une élève, celle-ci lui offre un narguilé, dont elle n'a pas l'utilité. En rentrant chez lui, il l’essaie avec son propre produit. Mais l'effet escompté est trop puissant, lui provoquant un arrêt cardiaque. Le début pour lui d'une expérience de mort imminente, où il va s'échapper de son corps, parvenant à intégrer celui de sa voisine du dessus en pleine sieste – avec laquelle il n'entretient pas spécialement de rapport habituellement – afin de lui demander son aide.
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Florent Ruppert, qu'on a surtout connu depuis le début des années 2000 en duo avec son acolyte sous le nom de Ruppert et Mulot, n'avait pas encore défrayé la chronique seul. Malheureusement, cela a été le cas en 2023 avec une affaire judiciaire en cours, pour lequel l'auteur n'a pas été condamné à ce jour. Présomption d’innocence oblige, qu'en est-il de l'œuvre ? Déconfiture psychédélique est un ouvrage prenant, bien mené, tant du point de vue scénaristique que graphique. On retrouve, mais en couleur, le style déjà-vu dans les précédentes publications réalisées en duo, c'est à dire un trait fin encré de manière précieuse, amenant une légèreté (d'aucun diront une forme figée ?) aux personnages. Un côté un peu théâtral servant cependant le récit. Côté scénario, si le point de départ est déjà surprenant, il nous emmène dans un registre onirique (puisque se déroulant dans des rêves) très intéressant, faisant de fait surfer l'histoire entre fantastique psychédélique et réalité. Les soucis de la demoiselle plus ou moins consentante sont de l'ordre de la psychanalyse. On pourra même évoquer les traumas, qu'elle cherche à faire régler par le truchement de ce voisin intrusif, afin de le faire... payer !? En tout état de cause, on ressort troublé de l'ouvrage, agissant tel un plaidoyer contre l'auteur lui-même, avouant à demi-mots une culpabilité, mais donnant des pistes pour désamorcer une situation qu'il n'a pas vraiment souhaitée et pour laquelle il serait prêt à mourir. Une sorte de thérapie du pardon par la création, que l'on apprécie à sa juste valeur artistique, faisant fi de ce que la justice pourra dire, quant à elle, des faits reprochés dans le réel au citoyen. Hautbois ou pipeau, les lecteurs jugeront.
