L'histoire :
Archéologue, aventurière et femme fatale, Lamia a jadis dérobé une « porte » pourvue d’un pouvoir fantastique : ce portail permet de passer du présent que l’on connait tous, à une dimension parallèle dans laquelle les archaïsmes médiévaux ont été conservés. Ce portail dimensionnel a malencontreusement été emprunté par Lynn, une jeune femme cambrioleuse professionnelle pourvue d’une mèche de cheveux bleue. Lynn s’est ainsi retrouvée dans une ville de Paris moyenâgeuse, archaïque, attaquée par des hordes de monstres aux griffes et aux dents acérés, appelés les shayks. Après avoir dérobé un pendentif égyptien à Lamia, et avoir joué un temps au chat et à la souris avec elle et ses hommes de main, elle a fini par rejoindre cette dernière. Lamia lui raconte alors toute son histoire. La première fois qu’elle est passée par la porte, c’était en compagnie de maître Worn, un inquiétant personnage pourvu d’un masque à nez pointu. Ce dernier s’intéressait à ses recherches sur le premier dieu unique égyptien, appelé « Ay ». Sa curiosité l’avait poussée à accepter de suivre ce sulfureux dandy venu d’un autre âge à travers les canaux de Venise, jusque chez lui. Il lui avait alors présenté « la porte » et ils étaient tous deux passés au travers. Ils s’étaient alors retrouvés dans une Venise différente, archaïque et sordide, attaquée par les shayks ! Or maître Worn jouait de l’épée et semblait réussir à dompter ces horribles shayks…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Les rivières du passé délivrent leurs explications et leur dénouement dans cette seconde partie de diptyque. Comme pour mettre un peu d’ordre après un premier tome qui partait un peu dans tous les sens, au sujet d’une porte dimensionnelle, de monstres sanguinaires et de recherches archéologiques, le scénariste Stephen Desberg reprend son récit par une explication de Lamia. La belle archéologue férue d’égyptologie explique en effet à la jeune voleuse Lynn comment elle a dérobé la porte dimensionnelle à l’inquiétant Maître Worn, bretteur violent et affublé d’un masque vénitien à long nez. Et le point de départ devient la problématique centrale : Worn et Lamia s’intéressaient jadis à la transition entre le culte égyptien polythéiste et le dieu unique. Une porte dimensionnelle entre deux présents différents dont un médiéval ; des monstres sanguinaires qui attaquent en horde ; un personnage méphistophélique ; la quête d’un dieu unique égyptien ; l’amitié naissante entre deux jeunes femmes… On comprend qu’il faille une construction narrative décousue et beaucoup de verbiage lyrique pour faire passer un cumul d’axes de développement pas trop complémentaires et néanmoins individuellement convenus. Pour ce faire Desberg a de la bouteille. Mais surtout, Yannick Corboz est un dessinateur de grand talent. Et pourtant, la plupart du temps il ne perd pas de temps à peaufiner le trait des compositions de ses cases, toujours parfaites. Les courbes des personnages sont d’un équilibre et d’une élégance rares, il montre une grande inventivité dans les cadrages, les profondeurs, les postures, les scènes d’action et les décors (de Venise aux souks égyptiens).
