L'histoire :
Début des années 1950. Mary-Barbara, dite Barbie, arrive à Hazard, petit bourg perdu du Kentucky, après un mariage arrangé par correspondance avec Bram, un homme qu’elle connaît à peine. À la gare, c’est Hank, son beau-frère, qui vient la chercher. Dans le pick-up, sa guitare trône, prête à faire résonner le rock de Haley ou Presley. Barbie, sublime et intrigante, s’interroge sur sa décision : ce coin isolé est-il vraiment un refuge ? Tout cela reste préférable à l’institution religieuse où elle était retenue, un lieu étouffant où l’obéissance et la discipline restreignaient toute liberté. La maison des Wayne, la famille de Bram, est un univers chaotique. Le mari est rustique, deux autres frères, Eddie et Zacharie, compliquent la vie et la sœur Evy, semble fragile et instable. La fête de bienvenue se déroule au whisky, mais Barbie est rapidement reléguée à la cuisine, tandis que le père de famille affiche un regard lubrique et que Zacharie est troublé par sa présence. La tension monte lorsque la police fait irruption : Eddie aurait commis un crime avec la mort d’une vieille femme à coups de marteau. Barbie doute de sa décision de rester et la situation s’aggrave quand Eddie fait irruption dans sa chambre avant de disparaître à nouveau. Hank, convaincu de la culpabilité de son frère, transforme ses impressions en chansons réalistes et empreintes de country, tentant de comprendre et de traduire la violence latente qui entoure cette famille…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Rockabilly plonge le lecteur au cœur des Appalaches des années 1950, dans le petit bourg isolé de Hazard, où chaleur, pauvreté et secrets familiaux pèsent sur la vie quotidienne. Barbie, jeune femme récemment mariée à Bram, découvre une famille déstabilisante et pleine de tensions : un frère arrêté, un autre manipulateur, une sœur traumatisée et un père inquiétant. Au milieu de ce chaos, Hank, beau-frère attentif et musicien, devient son complice et son refuge grâce à la passion qu’ils partagent pour le rock’n’roll, seule échappatoire à la monotonie et aux contraintes sociales. Le scénariste Rodolphe tisse ici un récit qui mélange polar, drame et chronique sociale, explorant avec précision la psychologie de ses personnages. Les émotions, les non-dits et les désirs de liberté s’y révèlent dans chaque interaction. Bien entendu, la musique émerge comme un moteur narratif où les ombres d’Eddie Cochran, Gene Vincent ou Jerry Lee Lewis planent, traduisant l’énergie et l’espoir de ces jeunes confrontés à un quotidien oppressant et pesant. De son côté, Christophe Dubois renforce cette immersion avec des traits réalistes et détaillés qui restituent l’atmosphère étouffante de Hazard et la beauté fragile des moments de complicité. Au-delà du huis clos familial, Rockabilly propose surtout une réflexion sur la condition sociale et le pouvoir libérateur de l’art. L’album dévoile une histoire où émotions, musique rock n’ roll et espoirs s’entrelacent avec force et poésie.