parution 05 janvier 2024  éditeur Dargaud  Public ado / adulte  Mots clés Historique / Racisme

20 décembre, chroniques de l'abolition

L'Histoire de la Réunion se teinte de souffrance, de lois et d'une noisette d'espoir. L'abolition de l'esclavage a changé des vies, mais pas forcément comme on le croit ou on l'espère. On se dit que demain sera mieux qu'hier.


20 décembre, chroniques de l'abolition, bd chez Dargaud de Appollo, Téhem
  • Notre note Yellow Star Yellow Star Yellow Star Grey Star

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    BON   Green Star Green Star Dark Star Dark Star

    BOF. MOYEN   Green Star Dark Star Dark Star Dark Star

    BIDE   Dark Star Dark Star Dark Star Dark Star

  • Scénario Yellow Star Yellow Star Grey Star Grey Star

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  • dessin Yellow Star Yellow Star Yellow Star Grey Star

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©Dargaud édition 2024

L'histoire :

Un coup de feu résonne. Un propriétaire a sans doute tiré sur un voleur. Certains ont cependant le droit à un traitement de faveur comme Edmond, jeune esclave à Sainte-Suzanne. Mais il n'est pas comme les autres. D'ailleurs, dès qu'il en a l'occasion, il fait l'étalage de son savoir. Il est esclave chez M. Bellier-Beaumont. Néanmoins, il est souvent invité chez des propriétaires de l'Est de l'île. Ils sont toujours autant émerveillés par sa démonstration de la fécondation de la vanille. Un jour, en accompagnant Grand-Patte qui l'a loué pour la journée, il rencontre Héritiana. C'est un marron. L'idée de liberté a germé en lui. Cependant, « il est évident que c'est bien trop tôt pour libérer les noirs. Ils ne sont pas prêts ». Le décret du 27 avril 1848 impose pourtant la notion de liberté, d'égalité et de fraternité à tous les individus. L'abolition de l'esclavage est valable dans toutes les colonies et possessions françaises. Ce changement radical n'est pas du goût de tout le monde. D'aucun n'arrive à saisir la portée d'une telle décision sur le long terme. « Tu ne comprends même pas ce qu'il se passe. C'est un nouveau monde qui s'ouvre à nous, l'île change de nom, nous aussi nous changeons de nom ». La réalité au quotidien n'était pas aussi enthousiasmante dans ce multiculturalisme exploité, bien que les propriétaires disaient que l'esclavage était doux. Cela restait de l'esclavagisme. La liberté ne change pas tellement le rapport le force. Edmond cultive naïvement des espoirs malgré les aléas de la vie...

Ce qu'on en pense sur la planète BD :

Réunionnais, Appollo évoque un moment important de l'Histoire de France : l'abolition de l'esclavage. Cet ouvrage a été réalisé dans le cadre d'une résidence d'artistes aux Archives départementales de la Réunion. Cette juste cause a remis en question bien des choses. Il a fallu changer le regard à l'Homme, qui ne se définit pas par sa couleur de peau. Comment faire quand le système social utilise ces repères depuis des années comme base de référence ? Quel propriétaire voudrait perdre de l'argent au nom d'un principe d'égalité, de liberté et de respect d'autrui ? Une prime généreuse de l'Etat aide grandement. Le récit se déroule au XIXème siècle, mais il est dérangeant de s'apercevoir qu'il sonne encore d'actualité de nos jours. D'ailleurs, quel genre de personne occupe encore les emplois les plus précaires dans le monde ? Quelle considération ont-ils ? Quelles sont les protections sociales et financières qu'ils disposent ? Que devons-nous penser de la montée globale du racisme dans les pays d'Europe ? Le scénariste en profite pour évoquer l'essor d'une forme de contre-pouvoir avec la presse. Deux dessinateurs se lancent dans la publication en parlant de bande dessinée et de caricature. Il est rare, de nos jours, de trouver une référence à Töpffer, l'inventeur de la bande dessinée (en toute humilité). Un clin d'œil élégant montre la force d'une image. Le travail graphique de Téhem se montre doublement ingénieux. Il montre la souffrance, les tortures subies par les esclaves. Il les décrit, les expliques et propose à travers La lanterne magique d'en faire une critique. « Le Komandèr nous frappait, le maître nous frappait, la femme du maître, l'enfant du maître, le voisin, le passant même, pourvu qu'il fût blanc, pouvaient nous frapper. La gifle, le coup de poing, le fouet, la chaîne, les sévices physiques étaient notre quotidien ». Nous aurions aimé en savoir plus sur sa diffusion et surtout sur la réception auprès du public. Ce sentiment d'inabouti se ressent dans la BD. L'impression du début d'être face à un ouvrage critique, documenté et engagé, laisse place progressivement à une forme d'aventure grand-public. On reste en surface, sans trop gratter la psychologie des personnages, les vrais enjeux géopolitiques, les jeux d'influence... Edmond est une sorte de fil rouge, mais sans charisme particulier. Est-il l'ordinaire ? Pour en apprendre plus, lisez la postface pleine d'informations.

voir la fiche officielle ISBN 9782205200935