L'histoire :
A quelques jours du mariage de sa fille Bénédicte avec l’héritier d’un domaine viticole californien, le producteur de Médoc Ferdinand Grolo-Laglotte accueille son cousin corse Ange Leoni, lui même producteur de vin corse, le Rossignolo. Tandis que les deux viticulteurs se confrontent en dégustations, Bernadette, la mère de la mariée, débarque catastrophée dans le salon. En effet, Bénédicte a fugué en laissant deux lettres explicites, une pour ses parents, une autre pour son fiancé. Elle ne veut plus épouser John, elle ne l’aime pas. C’est une catastrophe pour les Grolo-Laglotte, dont le domaine est presque en faillite ! Ils comptaient bien sur ce mariage pour moderniser leur production, voire parvenir à un assemblage avec les breuvages de la belle-famille californienne ! Il faut retrouver Bénédicte à tout prix et lui faire entendre raison. Sur ces faits, John débarque dans sa voiture de sport et demande à voir sa future épouse… Les Grolo-Laglotte noient le poisson. Pour aider son cousin, Ange fait appel à un détective de sa connaissance, qui l’a jadis aidé à résoudre une affaire corse, Jack Palmer. Ce dernier débarque dès le lendemain à l’aéroport de Bordeaux Mérignac, avec 4 caisses de Rossignolo…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Un Jack Palmer signé René Pétillon au scénario, mais 7 ans après sa mort… comment est-ce possible ? On vous explique : avant sa mort, Pétillon avait laissé un scénario quasiment terminé, dont l’éditeur a confié la réalisation à un auteur « raccord » avec son univers, en accord avec ses héritiers. Manu Larcenet appréciait son œuvre (et réciproquement), mais il n’était pas non plus trop proche, pour éviter toute gêne. Le titre de cette enquête du détective rondouillard et dépassé par les événements, est très explicite quant à son contenu. Jack Palmer se retrouve à enquêter dans le vignoble bordelais sur la disparition de la fille d’un producteur de Médoc qui a… quelques difficultés commerciales – dirons nous. Or ladite Bénédicte devait précisément se marier avec un américain, fils d’un producteur de vin californien en plein essor. L’empêchement de ce mariage d’intérêt est donc problématique, à plusieurs niveaux. A cette situation embarrassante, se greffent un cousin producteur de vin corse – par définition susceptible – des ouvriers mafieux, d’autres ultra rigoureux sur leurs droits syndicaux, et un jeune américain malheureux qui cause franglais. Palmer résout l’enquête de bonne volonté, avec pas mal de bol tout de même, et surtout sans se priver de se faire une culture du vin en abusant des dégustations. Sur ce plan, notamment, on est ravi de retrouver la verve ressuscitée de Pétillon à travers les dialogues caustiques qui se moquent largement du vocabulaire poétique de l’œnologie. Visuellement, Larcenet distribue les situations branquignolesques et parvient à dérouler sa griffe – heureusement plus légère que sur La route et Brodeck – en s’appropriant le style Pétillon.