L'histoire :
A Alger, au Talmud Torah, les enfants attendent le rabbin. Le chat les reprend car il considère qu’ils ne parlent pas bien français. Alors les enfants le poursuivent et le persécutent. Lui pense qu’il y a toujours chez l’homme une prime au plus ignare, et que les hommes ont un problème avec la connaissance. Il leur explique qu’il lit la Torah toutes les nuits mais les enfants rétorquent qu’il ne comprend pas. Il pense que l’histoire du serpent et Adam et Eve, c’est celle de l’arbre de la connaissance. Mais les enfants disent que c’est la connaissance du bien et du mal, et que ce n’est pas le savoir qui est condamné. Mais le chat leur répond qu’interdire la connaissance du bien et du mal, c’est interdire la connaissance et que Dieu les a donc mis en garde contre le savoir. Quand le rabbin Sfar arrive, les enfants lui expliquent que le chat fait cours à sa place. Le rabbin est furieux contre son chat...
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Joann Sfar est un bourreau de travail, un homme aux 10 000 projets en même temps. Mais il produit parce qu’il pense, et il produit encore plus depuis octobre 2023 parce qu’il est inquiet. Pourtant, son œuvre continue à respirer l’intelligence et le doute, qui ne sont que deux facettes d’une même qualité, la seule qui fasse avancer le monde. Le doute est remis en cause dans le monde, des ayatollahs de toutes les religions jusqu’aux caciques de partis qui nous rabâchent à longueur de chaînes d’infos qu’ils détiennent la vérité et que les autres sont des cons. Sfar, lui, malgré l’inquiétude, continue de s’amuser avec sa religion et de la questionner. De la moquer aussi. Ici, c’est la question d’Adam et Eve et de l’arbre de la connaissance, qu’il pose. Le chat iconoclaste est de retour. Pour lui, Dieu a refusé aux hommes l’accès au savoir. Le premier couple a, dès le premier jour de la création, enfreint la seule règle qui lui était imposée. Mais alors, que signifie le paradis dont ils étaient sensés jouir ? Avec le chat du Rabbin, Sfar nous invite à remettre en cause les certitudes, à se questionner sur le sens de la vie. C’est fin, simple et pédagogique. Son dessin est toujours plein de détours, malléable, très sensuel, avec des couleurs riches. Le chat se love, s’enroule autour du corps des femmes, s’étire pour échapper aux enfants ou pour attraper une souris. L’amour, la connaissance, les ronronnements, tout ça inspire le lecteur et donne envie de croire à la fraternité.