L'histoire :
Chaudement habillé, Lucky Luke est assis au côté du cocher d’une diligence qui traverse le blizzard du Dakota, durant l’hiver 1880. Soudain, un tronc d’arbre en travers de leur chemin à flanc de montagne oblige le cocher Baldwin Chenier à s’arrêter. Luke descend pour libérer la voie. Il se retrouve mis en joue, tabassé et jeté du haut du ravin qui borde la route. Luke chute, roule et perd connaissance. Quand il revient à lui, la diligence est partie. Il remonte la pente et suit les traces du convoi dans la neige. Il rencontre rapidement deux indiens… à qui il subtilise un cheval, pour gagner du temps. Il rattrape ainsi ses agresseurs, arrêtés à côté d’un arbre. Le passager de la diligence, un certain Louis Riel, qui s’était présenté comme maître d’école, est à califourchon sur un cheval, une corde autour du cou, sur le point d’être pendu. Baldwin Chenier est agenouillé à côté, les mains nouées derrière le dos. Luke demande aux « bandits » de jeter leurs armes… mais ces derniers n’ont pas l’air obéissants. Luke dégaine et désarme les agresseurs, en un éclair, en quatre simples tirs de révolver. Les gars s’enfuient. Luke délivre « l’instituteur » qui est en fait le chef des Bois Brûlés, un clan de métis franco-indiens, recherché par des chasseurs de primes…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
On attendait beaucoup de ce Lucky Luke revu et mijoté à la sauce Appollo & Brüno ! Or, le duo d’auteurs de Biotope, Commando Colonial, T’zée une tragédie africaine fournit une copie… un peu décevante. Adieu la légèreté et l’insouciance de l’homme qui tire plus vite que son ombre. Luke fait ici de la figuration au cours de sept courtes séquences et un épilogue terriblement sérieux. Sept, comme autant d’historiettes du tout premier Lucky Luke baptisé… Nevada 1880 ! Ces récits courts et indépendants font mine d’être adaptés de mémoires écrites et retrouvées d’un cocher de diligence… en réalité fictif. Pour prétexte, ce dénommé Baldwin Chenier aurait côtoyé le « vrai » Lucky Luke ! Au point de pouvoir témoigner de sa légende. Or comme chacun le sait depuis L’Homme qui tua Liberty Valance (le western de John Ford de 1962), « Quand la légende est plus belle que la réalité, imprimez la légende ». Chenier et Lucky Luke n’ont pas existé et le prétexte d’un morcellement d’anecdotes devient mou du genou, un peu fumeux et inopportunément austère. Aussi ténébreux et impavide qu’un Corto Maltèse, Luke est là sans être là. Et si les historiettes qui nous sont contées reflètent sans doute les mentalités et la société plausibles et réalistes du North-farwest américain, elles sont aussi très éloignées du périmètre de la saga défini par Morris. Cet album donne néanmoins l’occasion aux encrages façon ligne claire de Brüno de camper de superbes panorama et situations de western, un registre où on l’a trop peu croisé (depuis Junk, en 2008-2010).