L'histoire :
Antoine débarque du train en provenance de Paris, accueilli avec effusions par sa tante Lina. Elle l’emmène dans une vieille américaine décapotable, une Chrysler Nex-Yorker rose de 1959. A la radio, il passe 99 red ballons dans sa version anglaise. Antoine et sa tante s’arrêtent au village pour faire des courses au marché. Quand ils reviennent, une bande de jeunes désœuvrés, trois garçons et une fille, assise sur le capot de la voiture en train de faire la starlette. Lina les chasse sans ménagement. Ils refusent de partir. Alors elle démarre, envoyant valdinguer la jeune fille, que Lina identifie sous le surnom de Dédé, se demandant ce qu’elle fait avec les ratés qui l’accompagnent. La voiture sort du village, passe devant le cimetière où est enterrée la mère d’Antoine, sœur de Lina. Enfin, ils arrivent dans la grande maison familiale, isolée en bord de route campagnarde. Ils sont accueillis par Bandit, le berger allemand de Lina, tout joyeux. Alors que Lina prépare le repas, Antoine reprend ses marques dans la maison et demande à sa tante où sont les photos de famille. La jeune femme botte en touche, les ayant toutes rangées au grenier, et préfère montrer à son neveu la petite merveille sur laquelle elle travaille, une Torpedo de 1927.
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Le précédent roman graphique de Johann G. Louis, Swamp, un été dans le bayou, avait été plébiscité par la critique et notamment par l’ACBD qui en avait fait un finaliste de son prix de la critique jeunesse. On est un peu dans la même veine avec Manouche, manouche, dans un récit inspiré de la vie de l’auteur. Le jeune héros va chercher chez sa tante des réponses à ses questions sur sa famille, ses origines et les arrières grands-parents qui ont disparu des murs… Timide, il va aussi apprendre à gérer un peu mieux les relations sociales, mais aussi appréhender différemment son identité sexuelle. Bref, c’est un roman d’apprentissage, très agréable, avec une histoire intéressante, sensible et agréable, sans tape-à-l’œil scénaristique. Quête d’identité, y compris sexuelle, désœuvrement des jeunes des campagnes, racisme anti-tsigane sont les sujets abordés, tranquillement. La narration est extrêmement fluide, avec peu (pas ?) de récitatifs, mais plutôt une appréhension cinématographique du séquençage qui fait que dessins et dialogues se complètent merveilleusement et qu’on suit l’aventure grâce aux uns autant qu’avec les autres. C’est à la fois reposant, d’une grande richesse pour l’esprit, et propice à la rêverie à laquelle semble nous entraîner le jeune Antoine. Les dessins sont magnifiques encore une fois, Johann G. Louis utilisant l’aquarelle en couleur directe avec bonheur, délivrant des paysages somptueux. Et même si les personnages sont caricaturaux, le soin apporté aux couleurs des années 80 est immersif. Pour finir et en rajouter sur l’immersion, on notera que la bande son des années 80 apporte une troisième dimension à l’album qui permet de se plonger avec délectation dans cet album rafraîchissant et apaisant.