L'histoire :
Un curé, un imam et un rabbin discutent de leur éloge funèbre sur un banc invisible :
– À mon enterrement, j’aimerais que quelqu’un dise : « C’était un homme juste, honnête et très généreux. » Dit le curé.
L’imam ajoute : Moi j’aimerais que quelqu’un dise : « Il était très gentil, droit, et il était très bon envers ses fidèles. »
Et le Rabbin termine en disant : - Moi, je voudrais que quelqu’un dise : « Regardez, il bouge encore. »
Il y aussi Jacob qui, au lit, questionne sa femme Rachel et lui demande si elle était avec lui quand sa boutique a fait faillite, puis quand la Gestapo est venue frapper, ou encore quand il a dû fuir pieds nus dans la neige. Comme Rachel lui répond toujours par « oui », il en vient à la conclusion qu’elle lui porte la poisse...
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
« L’humour, la plaisanterie et l’autodérision font partie de la culture juive depuis des millénaires. Croire en Dieu ? Chacun est libre. Mais croire dans le rire, voilà un ingrédient indispensable de la judéité. » Voici une notion que présente Ivan Jablonka dans le préambule, professeur d’histoire à la Sorbonne et membre de l’Institut universitaire de France. Les premières pages sont instructives et permettent de contextualiser les planches qui suivent. Cette fois, l’autrice Constance Lagrange change de registre. Ses deux dernières publications portaient sur l’erreur judiciaire et les récits intimes de sa grand-mère et de sa tante rescapées de la Shoah. Ici elle livre un album sur l’humour juif. Une bande dessinée que l’on peut qualifier de drôle, tant elle arrive à mêler la dérision, la provocation, mais aussi l’absurde et la raillerie. Sans être croyant ni même avoir eu une éducation religieuse, on reconnait que les histoires sont totalement accessibles. Elles sont regroupées en 5 chapitres que résume la pseudo-citation d’un penseur juif : « Tout est loi » (Moïse), « Tout est amour » (Jésus), « Tout est argent » (Marx), « Tout est psy » (Freud) et « Tout est relatif » (Einstein). Ses dessins en noir et blanc rappellent sans conteste les dessins de presse, l’essentiel étant les dialogues. Elle pose le décor seulement quand il est nécessaire. Elle arrive même à installer de l’humour dans l’absence : plusieurs fois ses personnages sont assis en lévitation sur la page blanche engendrant ainsi l’absurde. De telle façon, elle installe parallèlement l’humour au travers des textes et des images. Même si elle illustre l’essentiel, son trait n’en reste pas moins assez précis et détaillé. Les expressions des personnages sont lisibles et leurs costumes sont facilement identifiables. A l’heure où l’actualité rime avec horreur et désespoir, le rire permet de désamorcer l’angoisse, d’ironiser et de se moquer.
