L'histoire :
L’été 1885, le dessinateur Frederic Remington est escorté par deux cowboys à travers l’Arizona, vers le bureau des affaires indiennes de la réserve de San Carlos. Peu enthousiaste à l’idée de faire fructifier sa ferme du Kansas, il a décidé de se faire un nom en dessinant les derniers indiens résistants à l’armée américaine… et pourquoi pas faire le portrait du plus coriace d’entre tous, l’apache Géronimo. Chemin faisant, il s’aperçoit que les indiens croisés sont surtout des pouilleux affamés. Il doit aussi supporter la chaleur accablante de la région, d’une aridité sans nom. A l’arrivée de cet encombrant Remington, le capitaine Bullis en confie la protection rapprochée au caporal Chester Freeman, du 10ème régiment de cavalerie. Il y a fort à faire pour éduquer Remington au tempérament souvent imprévisible des indiens. Les apaches, la dernière tribu à résister et à tuer des blancs, ne supportent pas qu’on les dessine : ils ont l’impression qu’on leur vole leur âme et ils deviennent violents. Freeman propose à Remington de l’accompagner jusque Fort Grant. A chaque étape, Remington en profite pour dessiner cette civilisation sur le point de disparaître…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Frederic Remington a authentiquement existé : il est le dessinateur « de presse » qui a fait de nombreux portraits de la civilisation indienne à la fin du XIXème, à une époque où l’on pouvait encore concurrencer la photographie, une technique moins souple à mettre en œuvre et donc moins spontanée. Les vues d’artiste permettent aussi de retirer aux faits leur sens littéral, d’enjoliver ou d’accentuer la réalité… de mieux « imprimer la légende ». Remington a donc réellement fait plusieurs séjours dans le far west sauvage, à l’époque à laquelle Géronimo et ses apaches résistaient à la cavalerie américaine. A travers cette magnifique fresque de 100 pages, le scénariste espagnol Josep Maria Polls fantasme cependant une rencontre qui ne s’est sans doute jamais produite, entre Géronimo et Remington… mais qui respecte les mœurs et la culture sous un angle des plus crédibles ou probables. Les vastes paysages mis en scène par le dessinateur Sagar nous immergent tout autant dans cette chasse à l’homme, que les trombines aux traits burinés des apaches dessinés en gros plans. Légèrement à la marge des codes des westerns classiques, c’est-à-dire sous un angle plus documentaire que testostéroné, l’aventure est passionnante, la fresque somptueuse !
