L'histoire :
Eclo vit avec Bee près d'un lac. Ensemble, ils tentent de survivre, réfugiés dans un décor naturel et sauvage, pour tenter d'échapper à la violence de la ville et des technophiles qui y résident. Ils se nourrissent des œufs qu'ils trouvent, de patates qu'ils cultivent, de poissons qu'ils pêchent, et tentent de réparer manuellement une vieille radio pour capter des nouvelles extérieures. Les réparations de Bee vont finir par payer, et ils vont recevoir un message, un appel à l'aide : des individus auraient réussi à échapper à des technophiles, et seraient cachés, bloqués sous un pont routier. Alors, n'écoutant que son instinct, Bee prépare son sac et préviens Eclo : maintenant, c'est à son tour de protéger leur refuge, d'être courageux-se et de survivre grâce à tout ce qu'ils ont pu apprendre ensemble. Avant de partir, Bee confie à Eclo une pierre accrochée à un pendentif. Iel préfère lui laisser de peur de le perdre. C'est ainsi qu'Eclo se retrouve seul-e. Appliquant scrupuleusement chaque geste maintes fois répété, Eclo finit par avoir un accès de colère, et lance la pierre confiée par Bee dans le lac. Regrettant immédiatement son geste, iel part la récupérer. Mais lorsqu'iel relève la tête, Eclo ne reconnaît plus les berges du lac. C'est un autre monde qui s'offre à iel... Et un étrange personnage nommé Gluan va l'accueillir. Intrigués par ce qui vient de se produire, ils vont tenter de comprendre, mais vont se retrouver projetés de mondes en mondes. Eclo et Gluan n'ont plus qu'un objectif : réussir à rentrer chez eux.
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Alors qu'Eclo et Gluan vont chacun devoir affronter personnellement une situation de solitude, d'isolement et de remise en question, ils vont se rencontrer, et vivre ensemble une aventure tourmentée, en n'ayant qu'un seul objectif : revenir d'où ils viennent. Au détour de ces changements de mondes, ils vont rencontrer des alligators qui parlent, un oiseau qui se sent seul, un chat à la recherche de nourriture, ou encore des personnages tous droits sortis d'œuvres d'art. La première chose qui nous interpelle lorsque nous ouvrons cet album, c'est la colorisation. Alternant entre des couleurs très vives, ou des planches dégradées dans les mêmes tons, c'est ce qui attire notre œil immédiatement, et nous incite à tourner les pages. C'est d'ailleurs la raison principale qui a permis à cet ouvrage de Molly Mendoza, d'intégrer une nomination dans la catégorie « Meilleur coloriste » des prestigieux Eisner Awards 2020. Dans Skip, nous sommes davantage incités à effectuer un voyage visuel et sensoriel, qu'à suivre une histoire très bien scénarisée nous amenant d'un point A à un point B. Ici, nous avons les éléments de positionnement du récit, sa finalité, mais toute l'intrigue reste sujette à notre propre interprétation. Chaque planche est une peinture que l'on peut admirer longuement, et qui laisse une totale liberté d'expression à l'artiste. Un autre détail, cette fois-ci dans l'écriture, pique aussi notre curiosité : l'utilisation de l'écriture inclusive. Pendant toute la durée de cette aventure, les protagonistes l'emploient, et il est plutôt rare de voir un tel procédé en bande dessinée, même si ce mode d'écriture se démocratise de plus en plus ces derniers temps. Enfin, Skip, c'est aussi (et surtout) une histoire d'amitié, où Eclo et Gluan trouveront ce dont ils avaient besoin en se rencontrant, en échangeant, et c'est une aventure, un voyage qui les fera grandir, qui apportera des réponses à leurs questionnements.
