L'histoire :
Ce matin-là, les deux Mirages IIIC pilotés par les lieutenants Michel Tanguy et Ernest Laverdure se posent impeccablement sur la piste de la base de Dijon, qui accueille, entre autres, le fameux escadron de Chasse 1/2 Cigognes. Laverdure, comme souvent, peste un peu. Il trouve les exercices fastidieux et a hâte de goûter à nouveau à un théâtre opérationnel. En attendant, Tanguy lui rappelle un enjeu plus immédiat : recevoir le nouveau commandant du groupe de combat, un certain Deval, pas vraiment connu pour être un joyeux drille. Au même moment, un biplan qui a quitté le territoire socialiste de la République d'Estonie est intercepté par deux Mig 18. A son bord, le joueur d'échecs Spasski doit se rendre à Stockholm pour participer à un tournoi international. Mais malgré les protestations du pilote, qui possède une lettre et les autorisations du Soviet Suprême, le coucou est intercepté de façon particulièrement musclée et arraisonné à terre. En réalité, les soviétiques recherchent un agent. Ligotsyne, c'est son nom, a disparu et il est soupçonné d'avoir quitté le territoire. En effet, au terme d'une longue cavale orchestrée par les services de renseignement français, il est « mis à table » et révèle que les communistes ont infiltré le programme nucléaire français ! Y compris dans les rangs de l'Armée de l'Air...
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
La frange Classic de Tanguy et Laverdure a gagné ses lettres de noblesse. C'est avec un réel plaisir qu'on entame ce T7, tant dès la première page, on retrouve l'ambiance que Charlier et Uderzo insufflaient à la série mère. Matthieu Durand et Patrice Buendia nous font en effet atterrir d'entrée aux côtés de nos Chevaliers du Ciel, sur la base de Dijon. Et dès la seconde page, on passe côté soviétique, avec une opération d'exfiltration d'un espion rouge prêt à délivrer des informations cruciales en échange des libertés dont le régime communiste le prive. En quelque sorte, Buendia anticipe dans le temps l'affaire Farewell, parce que dans la chronologie de cet épisode, c'est le Grand Charles qui est à l’Élysée et il a son rôle, par ailleurs. Donc le cœur du réacteur (sic) de l'aventure, c'est que des communistes ont réussi à infiltrer les forces aériennes chargées d'effectuer des tirs de missiles nucléaires posés à bord des Mirages IV. Nos deux pilotes sont mis au jus et même s'ils bénéficient du soutien forcément discret du SDECE (l'ancêtre de la DGSE), ils sont particulièrement bien placés pour essayer de débusquer la taupe. Entre les missions de simulation de tir ou d'interceptions de bombardiers et l'observation dans la vie de la mythique escadrille des Cigognes, le récit infuse au lecteur une paranoïa croissante. Le scénario de Buendia s'avère nerveux, fluide et habile et le dessin de Durand, toujours impeccablement colorisé par Ketty Formaggio, parachève le régal. C'est efficace et fidèle à l’œuvre originale. Comme de bien entendu, l'album s'achève sur un cliffhanger qui crée le suspens et nous fait attendre impatiemment la suite. Un excellent album !