parution 31 août 2012  éditeur Dargaud  Public ado / adulte  Mots clés Horreur

Tokyo

Sur un atoll irradié du pacifique, les histoires croisées d’une rousse sexy, d’un GI et de quelques autres protagonistes hauts en couleurs. Un récit foutraque et décomplexé, pour une déclinaison de l’imaginaire de Joann Sfar à la puissance 10.


Tokyo, bd chez Dargaud de Sfar, Walter
  • Notre note Yellow Star Yellow Star Grey Star Grey Star

    CHEF D'ŒUVRE   Green Star Green Star Green Star Green Star

    TRÈS BON   Green Star Green Star Green Star Dark Star

    BON   Green Star Green Star Dark Star Dark Star

    BOF. MOYEN   Green Star Dark Star Dark Star Dark Star

    BIDE   Dark Star Dark Star Dark Star Dark Star

  • Scénario Yellow Star Yellow Star Grey Star Grey Star

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    BON   Green Star Green Star Dark Star Dark Star

    BOF. MOYEN   Green Star Dark Star Dark Star Dark Star

    BIDE   Dark Star Dark Star Dark Star Dark Star

  • dessin Yellow Star Yellow Star Yellow Star Grey Star

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    BOF. MOYEN   Green Star Dark Star Dark Star Dark Star

    BIDE   Dark Star Dark Star Dark Star Dark Star

©Dargaud édition 2012

L'histoire :

Il y a cette créature marine qui fait dans le tatouage sub-aquatique avec talent. De véritables petites bandes dessinées sur la peau qui donnent des idées et lui font rencontrer un personnage aux ambitions démesurées. Ce chien voudrait qu’elle arrête de dessiner dans le cul des gens pour coucher son talent sur papier : ça marche, la BD, et ça rapporte des tonnes de beaux billets. Mais notre belle artiste refuse de se mettre sous sa protection au risque de s’attirer de gros ennuis. Et puis, il y a cet ancien GI qui arrive à l’aéroport de Mawawa pour retrouver sa grand-mère et à qui la violence manque terriblement. Il y a aussi la rousse Tokyo qui porte le mini short avec un terrible sex-appeal. Et qui fréquente les bars pour y écouter le jeu fiévreux de la guitare d’El Rey devant son copain Tiger, ivre de jalousie. Aussi encore, dans les journaux s’étalent les aventures érotico-fruitière dessinées par Joanna qui carbure à l’Aloxic Tokoha pour se klaxonner la tête et se désinhiber sexuellement. Tout se petit monde se trouve sur un joli petit atoll irradié. Allons les suivre pour un voyage halluciné et violent…

Ce qu'on en pense sur la planète BD :

Une tatoueuse marine harcelée par un mafieux, une bimbo rousse sexy amoureuse d’un tigre et se donnant à un lion rockeur, une créature de BD dingue d’une banane, un ex-militaire obsédé par une émission télé, un îlot irradié… Avec ce nouveau projet, Joann Sfar tend un gros bâton que nombre de ses détracteurs saisiront sans se faire prier pour tenter de lui en asséner quelques coups. Car en usant des excès habituelles de son génial conteur, Tokyo laisse un petit goût d’inachevé et d’incompréhension. Univers foutraque, hallucinogène, récit éjaculatoire propulsé à la vitesse d’un imaginaire hypertrophié, mise en abîme, références tous azimuts – mais pour la plupart confidentielles – ou narration morcelée confinent l’exercice à une déclinaison paroxystique du bouillonnement « sfarien ». Mais peut-on reprocher à Joann de faire du Sfar ? D’autant qu’il serait dommage ici de jeter le bébé avec l’eau du bain. Certes la balade déstabilise et offre un scénario dont les contours peinent à se dessiner, en oubliant de justifier cet incroyable déferlement. Tout est pourtant là qui palpite au rythme d’une virée violente, décomplexée, qui jusqu’alors était restée enfouie au plus profond de nos rêves (cauchemars ?) les plus secrets. On pourrait même regretter – tant qu’à faire – qu’il n’aille pas encore plus loin en poussant le curseur violence façon Tarantino ou en offrant de véritables scènes de sexe sans se limiter à un érotisme sulfureux. Bref, il suffit d’accepter de se laisser faire, de laisser ses habitudes aux vestiaires, pour un délire sous toxique, sans avoir rien ingéré. D’autant que ce diable d’auteur sait souvent si bien retomber sur ses pattes qu’il pourrait nous surprendre en offrant par la suite un peu plus de cohérence à son récit. Graphiquement, si l’on oublie les inserts photographiques moches et sans aucun intérêt, la partition est tout aussi jubilatoire. Libérée de toute contrainte, gonflée par une colorisation subtilement agressive, elle mange les planches avec vivacité et appétit pour se mettre au diapason de cet univers tout aussi décomplexé qu’incompréhensible. D’ailleurs est-il vraiment nécessaire de comprendre pour se laisser aller ?

voir la fiche officielle ISBN 9782205064773