L'histoire :
Fiammetta Ghedini (l'autrice) souffre de crises d’épilepsie depuis qu’elle a suivi un traitement hormonal lié à son désir de grossesse. Elle cherche des solutions pour se libérer de ces crises autrement qu’en prenant des antiépileptiques. Elle découvre alors la méthode du Dr Wilder, qui consiste à privilégier les graisses tout en éliminant les sucres. Le corps plonge ainsi dans un état semblable au jeûne : une situation bénéfique qui permet de réduire les crises. Ce régime s’appelle le cétogène : privé de glucides, le cerveau entre en cétose et, faute de glucose, utilise les cétones comme source d’énergie. Les cerveaux qui fonctionnent aux cétones sont plus stables, car le glucose a un effet inflammatoire. Après avoir suivi ce régime, elle constate qu’elle fait moins de crises, qu’elle est plus apaisée et qu’elle a perdu 10 kg. Mais alors, qu’est-ce qui rend le sucre si puissant ? Fiammetta enquête. Elle rencontre de nombreux chercheurs, scientifiques, anthropologues et historiens. Elle plonge dans l’univers de ce petit plaisir coupable, mais aussi convivial et festif, qu’est le sucre. Un ingrédient que nous chérissons tout particulièrement. Mais pourquoi ? Remontons le brièvement le fil… On retrouve du glucose dans les végétaux, dont ils se servent pour produire leur énergie. Les fruits, eux, contiennent du fructose, et le lait du lactose. En résumé : il existe le glucose, le fructose et le lactose. Le sucre de table, quant à lui, est un mélange de fructose et de glucose. Mais alors, qu’est-ce qui nous rend dépendants ? Serge Ahmed, directeur de recherche au CNRS, a mené une expérience sur des rats de laboratoire en leur proposant de choisir entre la cocaïne et le sucre… Et devinez ce qu’ils ont préféré ? La dopamine, neurotransmetteur du désir, explose avec la drogue. Mais le sucre agit de la même manière. Peut-on alors le considérer comme une drogue ? Attention toutefois : tout le monde n’en devient pas dépendant. Selon les critères du Diagnostic and Statistical Manual of Mental Disorders, il faut remplir au moins 5 critères sur 11 pour parler d’addiction. En moyenne, sur 100 personnes, 10 deviennent dépendantes au sucre, contre 9 pour la marijuana. Serge Ahmed explique pourquoi. La chercheuse Ashley Gerhardt, elle, souligne que le sucre a une particularité : il active non seulement la dopamine, mais libère aussi des opioïdes endogènes. Résultat : une sensation de détente et de bien-être. Enfin, l’anthropologue Sidney Mintz retrace l’histoire du sucre : de sa découverte par l’homme à sa culture, sa fabrication, puis son industrialisation. L’enquête se conclut avec Vasanti, qui révèle les conséquences du sucre sur notre santé.
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Pourquoi, lorsqu’on entame une tablette de chocolat ou un paquet de bonbons, un seul morceau ne suffit-il jamais et notre main y replonge-t-elle systématiquement ? Cette question, beaucoup d’entre nous se l’ont déjà posée, ou choisissent sciemment de l’ignorer. Fiammetta Ghedini l’explore en profondeur, en adoptant un regard à la fois personnel, scientifique et historique. Elle s’intéresse à son expérience individuelle, décrivant avec précision l’effet qu’elle ressent lorsqu’elle consomme le chocolat, mais elle analyse également le potentiel addictif de cette « substance » et ses mécanismes sur le cerveau. Au-delà de l’expérience sensorielle, elle retrace l’histoire du sucre: son origine, son parcours à travers les cultures, et les transformations qui ont conduit à sa forme moderne. Elle évoque aussi ses effets sur la santé. Chaque chapitre pourrait à lui seul faire l’objet d’une thèse, mais l’autrice a choisi de rester synthétique et accessible, offrant un équilibre entre information rigoureuse et plaisir de lecture. Le style de Fiammetta Ghedini est particulièrement efficace : elle vulgarise, illustre, schématise et personnifie ses propos, rendant des concepts parfois complexes compréhensibles pour tous. Son graphisme est brut, avec des contours noirs épais et des couleurs franches qui remplissent l’espace. Ce parti-pris visuel singulier n’empiète jamais sur le contenu. Cette lecture est particulièrement recommandée pendant le Tea Time, en remplacement d’un cookie triple chocolat délicatement humecté de jasmin.