L'histoire :
Devant sa glace, Brigitte Sevruga se refait une beauté. Elle attend la visite de son agent et amant d’un instant à l’autre. La sonnette retentit et la voilà qui dévale les escaliers pour sauter au cou de son chéri. Et merde, il a encore amené sa marmot ! Tant pis, elle attendra « sagement » dans l’escalier. Donc, pendant que Lucienne fume un pétard (!) en douce, Brigitte et son Roméo s’envoient en l’air. Le bonheur, quoi… jusqu’à l’après plan cul, quand commence l’échange verbal et revient l’éternel souhait de la presque quadragénaire d’être maman. Il a beau dire, le moment sera toujours mal venu. Si elle veut engrosser, rien ne l’en empêchera. Sur ce, lui parti, elle file à la pharmacie acheter un test de grossesse qui se révèle positif. Elle le savait ! Elle veut crier son bonheur, appelle toutes ses amies, enfin « prétendues » amies puisqu’elle ne tombe que sur des répondeurs, comme d’habitude. Bref… Puis son chéri appelle. Elle va pouvoir lui partager sa joie, « leur » joie puisqu’il lui annonce aussi (et avant) une bonne nouvelle : il lui a décroché le rôle de sa vie, le tournage débute dans… 6 mois ! Voilà qui fiche tout en l’air. Débarque alors Candida, sa femme de ménage portugaise…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Souvent lorsque l’on veut vous vendre du comique, on en fait des tonnes. Là, 3 mots suffisent : « réédition », « chef d’œuvre », « Bretécher » Claire de son prénom, auteur référence du genre. On ne présente en effet plus la Nantaise connue d’un très large public, bien au-delà des seuls fans du neuvième art, pour ses collaborations dans la presse magazine (notamment au Sauvage et au Nouvel Observateur). La fondatrice de l’Echo des Savanes (en compagnie de Gotlib et Mandryka) signait en 1983 un album alors intitulé Le destin de Monique, un titre que vous ne comprendrez qu’à l’ultime rebondissement précédant l’épilogue. Et c’est cette petite perle d’humour un temps épuisée, à la fois simple et drôle, qui est aujourd’hui rééditée (en couleurs !) et renommée habilement Une saga génétique. D’un abord plus vendeur, le titre relooké paraît surtout plus évocateur, il rend grâce à l’aspect visionnaire d’une satire sociale en avance sur son temps. Mâture, gai et délicieux, jamais méchant, le récit met en scène des personnages truculents, hauts en couleurs, caricaturés avec justesse dans le sens du poil. De l’éprouvette à l’accent lusitanien, tout tombe à propos. Rare est la lecture d’un album mariant intelligemment le rire et la satire. Une référence du genre. Jouissif et bidonnant, rien de moins : merci Dargaud !
