L'histoire :
Chocco a des fourmis dans les sabots. Le jeune cheval aimerait bien aller se balader en dehors du centre équestre. Béla lui conseille la patience – il est encore trop jeune – tandis que Bijou, plus fantasque, estime qu’un bol d’air lui ferait le plus grand bien. Xanax, fidèle à son tempérament anxieux, temporise et se pose mille questions : comment survivre en rando ? Où manger ? Où dormir ? Très vite, la discussion vire à un débat digne d’un « pour ou contre » bien senti. Bijou répond avec insouciance, Cookie broute en guise d’argument, et chacun commence à rêver d’un ailleurs.
S’ensuivent grimaces, défis et mini-concours de sursauts. Même Rafal, d’ordinaire si sérieux, vient renifler ce parfum d’évasion. Il sent bien qu’un projet se trame… et il n’est pas contre savoir ce qu’il en est. Petit à petit, l’idée d’une fugue collective prend forme. Tous se projettent ailleurs : une forêt, une prairie, un centre commercial même ! On les imagine en goguette, mangeant dans les poubelles, s’invitant à des anniversaires, explorant les rayons d’un supermarché...
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Born to be wild, version crin et sabot. Dans ce tome 11, Laurent Dufreney met en selle un désir de liberté universel. L’herbe est-elle plus verte ailleurs ? Peut-être, mais l’essentiel est d’y aller tous ensemble, en rigolant. Chaque cheval exprime à sa manière cette envie d’évasion : Chocco rêveur, Bijou spontanée, Xanax ultra-prudent, Cookie toujours motivé par la bouffe… Leur discussion devient un miroir de nos propres besoins de respiration, de sortie du quotidien, de changement d’air. L’écriture de Dufreney est au rendez-vous : des dialogues qui font mouche et des blagues qui fusent, dans lesquels chaque personnalité équine est finement ciselée. Le running gag du cheval claustro au supermarché ou les chevaux en goguette dans une aire urbaine prêtent franchement à sourire. L’anthropomorphisme fonctionne à plein, et on se reconnaît tour à tour dans les inquiétudes, les envies ou l’enthousiasme des uns et des autres. Côté dessin, Miss Prickly s’amuse visiblement. Elle sort des sentiers battus du centre équestre pour croquer des décors plus variés – ville, forêt, fast-food – tout en conservant la rondeur expressive qui fait la force de la série. On sent chez elle aussi une forme de liberté retrouvée, un plaisir d’exploration graphique. Ce tome 11 est une bouffée d’air… hilarante et complice. Il donne envie de tout plaquer pour aller brouter ailleurs.