L'histoire :
Massapequa Park, Long Island, juillet 1963 : Holly Woodlawn est venu-e discuter avec son ami-e Candy Darling. Les deux jeunes femmes trans évoquent leur quotidien. Les voisins de Candy sont venus à plusieurs reprises signaler à sa mère qu’elle était une déviante dépravée ; les machos de son lycée ont tenté de la pendre. Holly, c’est avec sa famille que ce fut violent et compliqué : elle n’a eu d’autre choix que de fuir loin d’elle. Dans le salon de la maison trônent une collection de Vogues et des Harper’s Bazaar. A l’intérieur de ces revues, il y a des photos de jolies femmes en tenues affriolantes qui, si elles étaient portées par des transsexuels, seraient jugées comme des atteintes à la pudeur. En effet, dans le village d’Holly, la police use d’une ruse bancale pour humilier les jeunes trans : la règle des 3 vêtements. Cette loi ancienne impose aux personnes de porter des vêtements liés à leur genre de naissance. Ce n’est qu'un moyen d’humilier et parfois même de tabasser les jeunes transsexuels.
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Candy Darling est une actrice américaine « superstar » de la Factory, l’atelier d’artistes d’Andy Warhol. Cette figure du New-York underground de la fin des années 60 et du début des années 70 (elle est décédée à 29 ans en 1974) est une icône trans. Cette biographie romancée et édulcorée nous plonge dans une époque où il n’est pas simple d’être queer au sein d’une société américaine peu inclusive. A l'époque, dans les bars, est encore affiché : « Pas d’alcool pour les pédés ». La sororité entre trans et le microcosme artistique du pop-art new-yorkais vont aider Candy à avoir un destin plus radieux. Andy Warhol qui a été l’un des premiers artistes à mettre en valeur les personnes LGBT dans ses œuvres est évidemment au cœur de ce roman graphique. Sa tentative d’assassinat par la féministe Valérie Solanas y est également relatée en détail. Candy Darling et ses ami-es Holly Woodlawn et Jackie Curtis, vont faire de multiples rencontres et fréquenter le réalisateur Paul Morrisey, le Velvet-Underground de Nico et Lou Reed. Ce dernier évoquera d’ailleurs Candy et Holly dans son tube « Walk on the Wild Side ». Avant d’être la biographie d’une actrice, cet album est avant tout le portrait d’un courant artistique underground des années 60-70. Les passionnés nostalgiques de cette époque et de ce mouvement apprécieront ce retour dans le passé. A son dessin au trait ciselé et spontané, Livio Bernardo applique une couleur vive. Le choix d’aplats monochromes identiques sur plusieurs cases permet des contrastes prononcés qui campent parfaitement l’ambiance de l’époque.
